Suite à un dépôt illicite de matières radioactives, les clochards de New York se transforment en mutants anthropophages
C.H.U.D.
1984 – USA
Réalisé par Douglas Cheek
Avec John Heard, Kim Greist, Daniel Stern, Christopher Curry, Laure Mattos, Brenda Currin, Justin Hall
THEMA MUTATIONS
C.H.U.D. est un de ces films qu’on aurait du mal à imaginer en dehors du contexte des années 80. Excessive et décomplexée, cette œuvrette éminemment sympathique s’appuie sur un postulat délirant imaginé par Shepard Abbott, dont ce sera le seul titre de gloire. Dans les bas-fonds de New York, les disparitions inexpliquées se multiplient. Le photographe George Cooper (John Heard), le capitaine de police Bosch (Christopher Curry) et le responsable de la soupe populaire locale (Daniel Stern) mènent l’enquête et découvrent finalement l’invraisemblable vérité : suite au dépôt illicite de matières radioactives dans les tunnels et les sous-sols de la ville, des clochards ont subi des mutations les transformant en monstres difformes et sanguinaires qui surgissent des égouts pour engloutir les passants au milieu de la nuit !
Pour satisfaire les larges ambitions du film en matière d’effets spéciaux, le producteur Andrew Bonime sait que ses moyens son limités, le budget global de C.H.U.D. se résumant à deux millions de dollars. Il se tourne alors vers deux artistes talentueux qui sauront faire des merveilles sans engendrer de frais trop importants. John Caglione Jr est ainsi chargé de concevoir les monstres mutants et Ed French leurs victimes mutilées. « Nous avons tourné dans les souterrains de New York pendant une énorme vague de chaleur, donc des bouteilles d’oxygène et des climatiseurs ont été utilisés pour pallier à la chaleur extrême et à l’humidité » explique Caglione (1). Ce qui n’empêche pas les interprètes des C.H.U.D. de s’écrouler régulièrement devant les caméras, assommés par la chaleur et le poids des costumes !
« Cannibales Humanoïdes Usurpateurs Dévastateurs »
Certes, la mise en scène de Douglas Cheek demeure très académique. Mais de nombreuses idées visuelles mémorables émaillent les séquences mettant en vedette les créatures souterraines, notamment les clochards difformes aux yeux lumineux qui apparaissent furtivement dans le sous-sol, la scène du pommeau de douche d’où jaillissent soudain des litres de sang, les monstres qui assaillent violemment les clients d’un snack (parmi lesquels on reconnaît un tout jeune John Goodman) ou l’agression à domicile d’une jeune femme par un C.H.U.D. au cou télescopique. On peut légitimement être frustré par la brièveté à l’écran des effets d’Ed French, concepteur d’un certain nombre de faux cadavres en gélatine et en mousse d’uréthane incroyablement réalistes, mais le maquilleur n’en retire aucune déception. « Dès le début, mes effets étaient conçus pour accentuer l’aspect horrifique du film, mais aucun d’entre eux n’était prévu pour être vu plus de quelques secondes », explique-t-il. « A cette époque, en début de carrière, je faisais tout moi-même : la prise d’empreinte, la sculpture, le moulage et les détails. » (2) Pour l’anecdote, on note que C.H.U.D. est l’acronyme de « Cannibales Humanoïdes Usurpateurs Dévastateurs » en VF et de « Cannibal Humanoid Underworld Dweller » en VO. Si le réalisateur Douglas Cheek a quelque peu disparu de la circulation par la suite, les trois comédiens principaux se sont réunis quelques années plus tard sur la franchise extrêmement populaire Maman, j’ai raté l’avion. Comme quoi, les clochards mutants cannibales mènent à tout !
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en août 2015
© Gilles Penso
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