Le classique de Brian de Palma inspiré du premier roman de Stephen King avait-il besoin d'une suite ? Visiblement non…
THE RAGE: CARRIE 2
1999 – USA
Réalisé par Katt Shea
Avec Emily Bergl, Jason London, Amy Irving, J. Smith-Cameron, Dylan Bruno, Zachery Ty Bryan, Chalotte Ayanna, Justin Ulrich
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA STEPHEN KING
Développée en 1993, l’idée d’une suite de Carrie mit beaucoup de temps à se concrétiser, changeant à plusieurs reprises de scénario et d’équipe pour finalement échouer en 1998 entre les mains de la réalisatrice Katt Shea. Le titre Carrie 2 s’avère un tantinet mensonger dans la mesure où il n’y a aucune Carrie dans le film, si l’on excepte quelques flash-backs empruntés au classique de Brian de Palma dont ce petit slasher mal fagoté constitue une sorte de remake/séquelle tout à fait facultatif. Ici, l’héroïne se prénomme Rachel. Elle se situe un peu en marge par rapport aux jeunes filles de son âge, mais il faut dire qu’elle a de sérieux antécédents : son père s’est enfui alors qu’elle était haute comme trois pommes, sa mère s’est muée en bigote fanatique (comme celle de Carrie) avant d’être internée dans une institution psychiatrique, ses parents adoptifs lui mènent la vie dure, et pour couronner le tout sa meilleure amie se suicide pour un chagrin d’amour mal digéré. Chaque fois que Rachel connaît une émotion trop forte, elle a la capacité de déplacer les objets à distance. Ce phénomène intrigue beaucoup la psychothérapeute du lycée (Amy Irving, seule survivante du casting du film de De Palma), car Rachel lui rappelle beaucoup Carrie, et elle craint que les destins des deux jeunes filles ne se ressemblent. Elle ne croit pas si bien dire, d’autant que, ô surprise, Rachel s’avère être la demi-sœur de Carrie. Toutes deux auraient donc hérité leur pouvoir paranormal du même père.
Voilà une coïncidence bien pratique pour le scénariste Rafael Moreu (auteur du script de Hackers de Iain Softley). Ce dernier ne se creuse d’ailleurs guère la tête et se contente dès lors de recopier scolairement la structure du film précédent. Les camarades de lycée de Rachel se mettent à la détester et l’invitent à une grande fête pour mieux pouvoir l’humilier, tout en se servant d’un gentil garçon qui, lui, n’est au courant de rien et ne veut que le bien de la jeune fille. Et ce qui devait arriver arrive forcément : Rachel est ridiculisée devant tout le monde (sauf qu’au lieu du traumatisant seau de sang nous avons droit à un banal film vidéo compromettant), et elle se venge en fermant toutes les portes de la grande salle à distance, puis en provoquant un incendie, et enfin en assassinant tout ce beau monde d’un seul regard.
Morts violentes en série
Si l’humiliation de la jeune fille manque singulièrement de panache, les morts violentes s’avèrent pour leur part très explicites : un couple dont les deux crânes sont transpercés ensemble par un tisonnier, des CD qui volent comme des frisbees et égorgent ceux qui se trouvent à leur portée, un garçon émasculé par un harpon, une fille dont les verres des lunettes explosent en lui crevant les yeux… Bref, c’est le défouloir (orchestré par la maquilleuse spéciale Bari Dreiband-Burman), mais l’intensité du film n’augmente pas pour autant. Et même si l’étonnante Emily Bergl tire son épingle du jeu dans le rôle de Rachel, comment oublier la fragilité si émouvante de Sissi Spacek ? Produit pour 20 millions de dollars, Carrie 2 en rapporta à peine 18 et sombra rapidement dans un oubli mérité.
© Gilles Penso
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