THE 7 ADVENTURES OF SINBAD (2010)

Un hommage modernisé aux films des 1001 Nuits de Ray Harryhausen, pétri de bonnes intentions mais désespérément raté

THE 7 ADVENTURES OF SINBAD

2010 – USA

Réalisé par Ben Hayflick et Adam Silver

Avec Patrick Muldoon, Sarah Desage, Bo Svenson, Kelly O’Leary, Dylan Jones, Berne Velasquez, Peter Greathouse, Clifford Garbutt

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Que The 7 Adventures of Sinbad ait été conçu comme un hommage au travail de Ray Harryhausen en général et au 7ème Voyage de Sinbad en particulier, cela ne fait aucun doute. Le titre et le poster du film sont suffisamment explicites à ce sujet. Mais la compagnie de production The Asylum ne s’est jamais distinguée par la finesse de ses œuvres. Et lorsqu’on découvre, perplexe, ce qui se cache derrière cette affiche alléchante, force est de constater que le génial créateur des effets spéciaux de Jason et les Argonautes aurait allègrement pu se passer d’une telle descendance. D’ailleurs, il semblerait que la mise en chantier de cette étrange aventure des 1001 nuits ait surtout été motivée par la sortie d’un blockbuster hollywoodien, en l’occurrence Prince of Persia. L’activité principale de The Asylum étant le plagiat à moindres frais des succès potentiels du moment, ceci explique cela. Ici, Sinbad ne porte ni le pantalon bouffant, ni le sabre, puisque c’est un businessman du 21ème siècle, lointain descendant du célèbre marin aventurier. Lorsqu’il apprend qu’un de ses pétroliers a été pris d’assaut par un gang armé jusqu’aux dents, notre héros quitte son bureau du Qatar et traverse les cieux en hélicoptère, malgré la redoutable tempête qui menace…

La première partie du film ressemble presque à un remake de L’Île Mystérieuse de Cy Endfield. Tous les ingrédients semblent réunis : les naufragés qui s’échouent sur une île inconnue du Pacifique, les pirates, le bateau coulé qu’il faut renflouer, le céphalopode monstrueux, le crabe géant sur la plage, le cataclysme imminent… Hélas, la mise en scène paresseuse, les acteurs transparents et surtout l’effroyable médiocrité des effets spéciaux relèguent illico ce « direct to video » au statut de nanar absolu. Le scénario évoque sept prophéties qui annoncent la fin du monde. Parallèlement aux aventures de Sinbad, des séismes et des catastrophes naturelles frappent ainsi le monde, ce qui permet à The Asylum de recycler quelques séquences de désastres bricolées pour d’autres productions maison.  

Le 7ème naufrage de Sinbad

Alors qu’une sauvageonne surgit de nulle part pour se joindre à notre héros et que l’île sur laquelle il était échoué s’avère être une baleine géante (une belle idée gâchée par un trucage épouvantable), les six autres aventures s’enchaînent joyeusement : l’attaque de reptiles volants à mi-chemin entre des gargouilles et des ptérodactyles (dont la morphologie évoque les monstres d’un projet avorté de Ray Harryhausen baptisé The Elementals), la confrontation contre un cyclope géant particulièrement disgracieux, l’intervention de démones sexy qui envoûtent les hommes, le débarquement d’une armée de soldats mués en membres d’une secte utopiste, le surgissement d’une créature ailée infernale aux allures de démon cornu cracheur de feu (le Balrog du Seigneur des Anneaux n’est pas loin), la fuite finale à bord d’un ballon dirigeable (nouvel hommage à L’Île Mystérieuse)… Bref, The 7 Adventures of Sinbad cherche l’inspiration partout, des Mille et Une Nuits à la mythologie grecque en passant par Jules Verne, Jonathan Swift et J.R.R. Tolkien. James Cameron lui-même est convoqué à travers une espèce de remake d’Abyss en fin de métrage. Ce qu’il ne peut offrir à ses spectateurs dans la qualité, le film de Ben Hayflick et Adam Silver le propose donc dans la quantité, avec une générosité qui forcerait presque le respect. Mais avec autant d’images de synthèse hideuses et de péripéties grotesques, c’est l’indigestion assurée.

 

© Gilles Penso

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