L’ÉPÉE SAUVAGE (1982)

Le premier long-métrage d'Albert Pyun est une épopée d'Heroic-Fantasy qui compense son petit budget par une profusion d'effets inventifs et spectaculaires

THE SWORD AND THE SORCERER

1982 – USA

Réalisé par Albert Pyun 

Avec Lee Horsley, Kathleen Beller, Simon MacCorkindale, George Maharis, Richard Lynch, Richard Moll, Anthony de Longis

THEMA HEROIC-FANTASY

L’Epée Sauvage est le premier film d’Albert Pyun, futur spécialiste du cinéma d’action musclé à petit budget (CyborgNemesisCaptain America). Très inspirée de Conan le Barbare, cette œuvre inventive possède malgré tout sa propre originalité et son propre univers. Les premières séquences nous font découvrir Titus Cromwell d’Aragon (Richard Lynch), un tyran implacable ayant conquis les uns après les autres tous les royaumes voisins. Seul le roi Richard (Christopher Cary) ose encore lui résister. Cromwell fait alors alliance avec la magicienne Ban Urlu (Emily Yancy) afin qu’elle tire de sa tombe le redoutable sorcier Xusia (Richard Moll). Dans l’île brumeuse de Tomb Island, une petite procession pénètre alors dans une crypte souterraine où des visages pétrifiés dans la roche (conçus par les frères Chiodo, futurs créateurs des Critters) prennent soudain vie, hurlant et gémissant en une vision atroce digne de Lovecraft. La naissance de Xusia est l’un des moments forts du film. Rougeoyant, dégoulinant, cet être aux traits de démon émerge d’une tombe emplie d’un liquide épais. Son extraordinaire maquillage (un faciès bestial, des yeux de félin, des doigts griffus) est l’œuvre de plusieurs artistes talentueux, dont Greg Cannom (Dracula), Mark Shostrom (Evil Dead 2), Allan Apone (Le Retour des Morts-Vivants) et Jim Doyle (Les Griffes de la Nuit).

Pour prouver l’étendue de son pouvoir, Xusia n’hésite pas à arracher à distance le cœur de la sorcière. A mille lieues de là, le royaume d’Ehdan célèbre ses vingt ans de paix. Mais Cromwell détruit bientôt son armée, élimine le sorcier dont il n’a plus besoin (Xusia est une proie facile car ses incantations l’affaiblissent) puis assassine Richard et toute sa famille. Seul son fils Talon (James Jarnigan) réussit à s’échapper. Débordant de bravoure, le jeune homme manie avec virtuosité une étrange épée dont les trois lames se propulsent pour frapper leurs cibles. Devenu adulte, Talon prend les traits de Lee Horsley. Il pénètre dans la capitale et sauve Alana (Kathleen Beller) que des soldats allaient violer. En échange d’une nuit d’amour, la belle lui demande de soutenir la révolte qui couve et de libérer son frère Mikah (Simon MacCorkindale). Talon y parvient, mais il est bientôt capturé et crucifié dans une salle de banquet, contraint d’assister au mariage forcé d’Alana et de Cromwell.

Horreur, humour et érotisme

Peu avare en tortures et en morts violentes, L’Epée Sauvage se pare en outre d’une pincée d’érotisme (avec notamment les filles nues dans le harem) et d’un humour lié aux situations en décalage, en particulier lors de la course-poursuite dans le château, soutenue par la partition enjouée (à défaut d’être très originale) de David Whitaker (Docteur Jekyll et Sister Hyde, Le Cirque des vampiresHarry un ami qui vous veut du Bien). Au cours d’un mémorable climax, Talon affronte Xusia (ressuscité à l’issue d’une métamorphose particulièrement gore) puis l’immonde Cromwell, tandis qu’un énorme serpent s’enroule lentement autour du corps sans connaissance (et fort peu vêtu) d’Alana. Le générique de fin nous annonce une prochaine aventure de Talon, « Tales of the Ancient Empire », mais cette séquelle ne vit hélas jamais le jour.

© Gilles Penso

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