TOBOR LE GRAND (1956)

Mettez le mot Tobor à l'envers et vous aurez une idée assez précise du sujet de ce film de science-fiction délicieusement rétro

TOBOR THE GREAT

1956 – USA

Réalisé par Lee Sholem

Avec Taylor Holmes, Billy Chapin, Charles Drake, Karin Booth, Lew Smith, Steven Geray, Henry Kulky, Hal Baylor, Franz Roeh

THEMA ROBOTS

Dans un futur proche (quand on se replace dans le contexte des années 50, bien entendu), les voyages dans l’espace sont sur le point de se concrétiser. Refusant qu’on emploie des cobayes humains pour expérimenter la fiabilité des fusées, le docteur Ralph Harrison (Charles Drake) décide de démissionner de l’agence spatiale américaine. Rallié à sa cause, le vénérable professeur Arnold Nordstrom (Taylor Holmes) lui propose de s’associer à lui pour concevoir une solution alternative à la mise en péril des astronautes, autrement dit un robot intelligent capable de piloter un vaisseau spatial. Lorsque la presse est conviée dans le laboratoire bourré de gadgets de Nordstrom (passages secrets, portail à vibrations, horloge qui parle, caméras de surveillance à infrarouge), nous découvrons enfin le fruit de ses travaux avec Harrison, joyeusement baptisé « Tobor » (les amateurs d’anagrammes apprécieront). Deux mètres de haut, une carcasse argentée, un torse cubique, des tuyaux en guise de membres, des mains en forme de pinces et une tête démesurée : Tobor est l’un de ces robots irrésistibles dont seule la SF des fifties avait le secret.

« En fait, le terme robot n’est pas approprié », lance bientôt Nordstrom à l’assistance ébahie. « Je préfère parler de simulacre d’homme électronique. » En effet, Tobor semble posséder une large gamme de sentiments et d’émotions synthétiques. Quant à son système de commande à distance, il ne fonctionne pas par ondes radios mais par perceptions extra-sensorielles. Cumulant bon nombre de clichés du genre, le sympathique professeur Nordstrom a une jolie fille prénommée Janice (Karin Booth) dont s’éprendra le jeune docteur Harrison, ainsi qu’un petit-fils de onze ans, Brian (Billy Chapin), qui se distingue par sa malice et son intelligence. Bientôt, le savant et le petit garçon sont capturés par une puissance étrangère (non identifiée, mais très probablement communiste, comment pourrait-il en être autrement en 1956 ?), soucieuse de soutirer toutes les informations liées au contrôle de la géniale machine. N’écoutant que son courage électronique, « Tobor le grand » quitte précipitamment le laboratoire de Nordstrom, abat toutes les cloisons qui lui font obstacle, assomme ceux qui entravent son chemin, conduit fièrement une jeep de l’armée et s’en va libérer son créateur et son ami en culottes courtes.

« Un simulacre d'homme électronique… »

Même si le suspense final est plutôt réussi, l’intrigue de Tobor le Grand (également connu en France sous le titre Le Maître du Monde) est franchement simpliste et le film ne sort du lot que par la grâce de sa vedette métallique au look savoureux digne d’un serial de science-fiction, à ranger aux côtés du Robbie de Planète Interdite et du Gort du Jour où la Terre s’Arrêta. Dans la foulée, Duke Goldstone réalisa Tobor and the Atomic Submarine, épisode pilote d’une série baptisée Here Comes Tobor qui aurait dû mettre en scène les exploits de cette boîte de conserve intelligente mais qui ne se concrétisa jamais au-delà de cette première aventure de 26 minutes lançant Tobor à la recherche d’un sous-marin atomique disparu.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article