Un deuxième opus aussi maladroit que le précédent, malgré la présence réjouissante d'un superbe Surfer d'Argent
FANTASTIC FOUR : RISE OF THE SILVER SURFER
2007 – USA
Réalisé par Tim Story
Avec Ioan Gruffudd, Jessica Alba, Chris Evans, Michael Chiklis, Julian McMahon, Doug Jones, Kerry Washington, Andre Braugher
THEMA SUPER-HEROS I SAGA LES QUATRE FANTASTIQUES I MARVEL
Même si l’annonce d’une transposition à l’écran des aventures du Surfer d’Argent avait de quoi faire saliver tous les lecteurs des comics Marvel, le souvenir de l’échec artistique des Quatre Fantastiques premier du nom, déjà réalisé par Tim Story, était encore douloureux. De fait, le constat ici s’avère particulièrement désastreux. Encore plus balourd que son prédécesseur, Les Quatre Fantastiques et le Surfer d’Argent souffre d’un scénario d’une désespérante linéarité et d’un humour de bas étage, collectant une série d’idées visuelles plus grotesques les unes que les autres (Mister Fantastic qui danse le soir de son enterrement de vie de garçon en parfait émule de Jim Carrey dans The Mask, il faut le voir pour le croire !). Reste le Surfer d’Argent lui-même. Imaginé par Stan Lee et Jack Kirby au milieu des années 60 (il est apparu pour la première fois en mars 1966 dans le numéro 48 de « Fantastic Four »), ce personnage d’extra-terrestre au corps argenté, traversant les cieux sur une planche aérodynamique à la rapidité incroyable, a été réinterprété au fil des ans par de nombreux graphistes, notamment John Buscema, John Byrne et même notre Moebius national.
Le choix de la production se porta pour le film sur Doug Jones, habitué aux créatures étranges puisqu’il interpréta sous des kilos de mousse de latex l’homme-poisson de Hellboy, les monstres agressifs de Doom ainsi que le satyre et l’ogre du Labyrinthe de Pan. « Avoir Doug sur le plateau donnait au réalisateur Tim Story la possibilité de le diriger dans toutes les scènes où son personnage interagit avec les autres acteurs », raconte Eric Saindon, le superviseur des effets visuels. « Par la suite, nous avons recouru à plusieurs méthodes pour animer le Surfer d’Argent. Tim a dirigé quelques sessions de motion capture que nous avons utilisées tout au long du film. Nous avons également fait appel à une nouvelle technique qui consiste à disposer plusieurs caméras synchronisées filmant le comédien sous plusieurs axes. Les références obtenues nous permettaient ensuite de reproduire fidèlement et rapidement ses mouvements et ses attitudes. » (1) La transposition sur grand écran du célèbre Surfer est donc une très belle réussite. Hélas, cette prouesse technique s’inscrit dans un film médiocre qui empêche le personnage de s’épanouir pleinement. Oubliées, les célèbres tirades philosophiques de cet anti-héros immaculé et mélancolique.
Un « dévoreur de planètes » bien terne
Et que dire de Galactus ? Les lecteurs de la première heure ont gardé en mémoire cette scène apocalyptique où le gigantesque « dévoreur de planètes » arpentait les rues de New York, précédé par les envolées acrobatiques du Surfer d’Argent, tandis que la population fuyait dans la panique la plus totale. Mais de telles visions n’apparaissent pas dans le film. Story et ses producteurs ont en effet pris la décision de déshumaniser le monstre pour le muer en une masse nuageuse sombre résolument anti-dramatique. Définitivement mise à mal, la franchise des Quatre Fantastiques s’achèvera donc sur cette note sombre, avant sa tentative de résurrection dix ans plus tard sous la direction de Josh Trank.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2007
© Gilles Penso
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