FLIC OU ZOMBIE (1987)

Dans ce buddy movie d'un genre très spécial, un policier fait équipe avec un collègue devenu mort-vivant

DEAD HEAT

1987 – USA

Réalisé par Mark Goldblatt

Avec Treat Williams, Vincent Price, Clare Kirkconnell, Joe Piscopo, Lindsay Frost, Darren McGavin, Keye Luke, Robert Picardo

THEMA ZOMBIES

Monteur talentueux, dont le sens du rythme s’est mis au service d’œuvres aussi diverses que PiranhasHurlementsTerminator ou Commando, Mark Goldblatt s’est essayé à la mise en scène à l’occasion de ce très curieux Flic ou Zombie qui, comme son titre l’indique, oscille audacieusement entre le polar et le film d’horreur. Tout commence comme un bon vieux buddy-movie, genre alors très à la mode grâce à la sortie récente de L’Arme Fatale. Le fringuant Treat Williams (Hair1941) et le lourdaud Joe Piscopo (alors comique populaire sur les petits écrans américains) incarnent Roger Mortis et Doug Bigelow, deux flics de Los Angeles qui s’entendent comme larrons en foire, malgré des méthodes et des caractères fort dissemblables. Depuis plusieurs mois, ils s’efforcent en vain d’arrêter un gang de voleurs de bijoux apparemment insensibles aux balles. Le fait le plus troublant est que ces malfrats ressemblent comme deux gouttes d’eau à des corps dérobés à la morgue.

L’enquête de nos deux policiers survoltés les mène jusqu’à la société Dante Pharmaceuticals qui, à leur grande stupéfaction, semble avoir inventé une machine capable de ressusciter les morts. Ils en feront leurs frais en affrontant l’un des zombies les plus étranges de l’histoire du cinéma, une espèce de bibendum difforme et barbu au visage triple, qui semble proprement indestructible. Au cours de l’affrontement, Roger est assassiné, au grand dam de son partenaire et de son ex-petite amie Rebecca (Clare Kirkconnell). Ressuscité grâce à la miraculeuse machine (qui semble fonctionner comme un four à micro-ondes géant), il a désormais douze heures pour retrouver son meurtrier. Passé ce délai, sa peau se sera entièrement décomposée, et il tombera en liquéfaction.

Vincent Price en guest star

Fort original, ce postulat évoque Mort à l’Arrivée, premier du nom, dont un extrait vu sur un écran de télé prouve qu’il fut la source d’inspiration principale du scénariste Terry Black (frère de Shane Black qui écrivit le script de… L’Arme Fatale, et oui ça ne s’invente pas). L’intrigue suit ensuite des sentiers moins audacieux, et les comédiens, il faut bien l’avouer, semblent ne croire qu’à moitié à ce qu’ils font, malgré un penchant pour la comédie plutôt bienvenu étant donnée l’exubérance du scénario. Le film vaut tout de même largement le coup d’œil, ne serait-ce que pour les hallucinants effets spéciaux du maquilleur Steve Johnson, qui vont jusqu’à surpasser en audace les folies de Screaming Mad George sur Society et Re-Animator 2. A ce titre, on n’est pas près d’oublier la séquence au cours de laquelle tous les animaux morts et mutilés d’un restaurant chinois reviennent soudain à la vie et attaquent nos héros. Canards décapités, porcs, saucisses, carcasses de bœufs, tout s’anime ainsi dans la frénésie et l’abomination la plus totale. Ou cette scène non moins éprouvante où une jeune fille se décompose à vue d’œil, son visage se liquéfiant et sa peau noircissant à vitesse grand V, via un trucage visuel hallucinant (les effets numériques n’étaient pas encore de mise à l’époque). Et puis, cerise sur le gâteau, il y a Vincent Price, dans un tout petit rôle certes, mais dont chaque apparition à l’écran est un pur moment de bonheur.

 

© Gilles Penso

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