DARKMAN 3 (1996)

Une seconde séquelle du film de Sam Raimi dans laquelle Bradford May accumule l'action débridée et le gore décomplexé

DARKMAN III : DIE DARKMAN DIE

1996 – USA

Réalisé par Bradford May

Avec Jeff Fahey, Arnold Vosloo, Darlanne Fluegel, Roxann Dawson, Nigel Bennett 

THEMA SUPER-HEROS I SAGA DARKMAN

Deux ans après avoir réalisé la suite de Darkman, conçue directement pour le marché vidéo et la télévision, Bradford May embraye sur un troisième épisode s’efforçant d’exploiter une fois de plus le concept fou mis en place par Sam Raimi au tout début des années 90. Assumant totalement le format non-cinématographique du film, le pré-générique se conforme à ceux des séries télévisées, résumant les deux épisodes précédents à grands renforts d’extraits explicites. Assurant le lien avec Darkman 2, Arnold Vosloo incarne une fois de plus ce mixage moderne entre le Fantôme de l’Opéra, l’Homme au Masque de Cire et The Shadow. Toujours à l’œuvre pour essayer de franchir la barrière fatidique des 99 minutes au-delà desquelles sa peau artificielle se désagrège, il va devoir faire face à un nouveau vilain incarné par Jeff Fahey. Ce gangster caricatural, répondant au nom rugueux de Peter Rooker, veut à tout prix percer le secret de la force de Darkman pour pouvoir lancer sur le marché une nouvelle drogue propre à faire tomber aux oubliettes tous les anabolisants et autres stéroïdes. Notre super-héros est donc capturé et devient sujet d’expérimentations…

En tant que seconde séquelle, Darkman 3 jouit d’une situation particulière : celle de ne pas avoir à trop souffrir de l’ombre du premier épisode mais plutôt d’être jugée à l’aune du deuxième opus, bien moins ambitieux. Du coup, Bradford May se lâche, osant s’adonner à quelques scènes gore (un visage brûlé, une décapitation avec un bulldozer !) et à des scènes d’action volontairement excessives (la poursuite au milieu des fûts qui explosent, la locomotive prise en chasse par une roquette). Plus intéressant, May semble vouloir retrouver le grain de folie de Sam Raimi, notamment à travers une série de séquences d’hallucinations jouant la carte du surréalisme, comme cette jeune femme attaquée par un serpent à visage humain ou cet insecte dévoré par une plante carnivore. L’intérêt de Darkman 3 n’est donc pas à chercher du côté du scénario, reprenant structurellement ceux des deux précédents volets de la trilogie, mais plutôt d’une collection de séquences originales franchement bien menées. La meilleure d’entre elles ? Probablement ce moment bourré de suspense et d’humour au cours duquel Westlake se fait passer pour le redoutable Rooker et se retrouve coincé dans une soirée d’anniversaire donnée en son honneur. 

La Belle et la Bête

D’autres idées étonnantes ponctuent le métrage, comme ces quatre bandits transformés en surhommes après qu’on leur ait injecté la drogue puisée dans le sang de Westlake, et à qui Rooker ordonne de massacrer devant les caméras de télévision le gouverneur Mitchell, en croisade contre le trafic de drogue, le soir des élections. Certes, Darkman 3 ne restera pas dans les mémoires et marquera d’ailleurs le point final de cette mini-saga, mais on mentirait en disant qu’on n’y prend pas de plaisir. D’autant que May et ses scénaristes ont eu la bonne idée d’utiliser le motif de la Belle et la Bête pour symboliser l’attirance du héros défiguré pour la charmante mais inaccessible épouse du vilain.

 

© Gilles Penso

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