Une séquelle du conte de fées pour adultes de Seth MacFarlane qui se transforme en road movie puis en film de tribunal absurde
TED 2
2015 – USA
Réalisé par Seth MacFarlane
Avec Mark Wahlberg, Amanda Seyfried, Seth MacFarlane, Jessica Barth, Giovanni Ribisi, Morgan Freeman, Sam Jones
THEMA JOUETS
Fort du succès de sa première aventure, l’ourson mal léché est de retour dans une séquelle déjantée qui reprend les protagonistes du film précédent à peu près là où nous les avions laissés en 2012. L’ours en peluche grivois et la belle Tamy-Linn (Jessica Barth) ont décidé de se marier, ce qui semble ne poser aucun problème aux yeux de la loi ou de l’église. En effet, comme les dinosaures de Jurassic World, ce jouet vivant et turbulent n’étonne plus personne. Les gens se sont habitués à sa présence, signe d’une société de plus en plus blasée et de moins en moins encline à l’émerveillement. Lorsque l’ours et son épouse humaine décident de se reproduire, les choses se compliquent. La voie naturelle étant exclue (notre ami Ted n’est pas physiquement « équipé » pour procréer) et l’insémination ne fonctionnant pas, l’adoption semble être la seule solution viable. Mais en remplissant les documents administratifs nécessaires, Ted alerte le gouvernement qui finit par se demander si un ours en peluche a les mêmes droits qu’un être humain. Les conséquences ne tardent pas : Ted est destitué de son statut de citoyen américain. Il perd son emploi, voit son mariage annulé et redevient aux yeux du monde un simple objet.
La question existentielle que soulève le scénario de Ted 2 est potentiellement passionnante : un objet doué de raison et d’émotion doit-il être considéré comme un bien matériel ou comme une personne ? A vrai dire, le scénario n’exploite que superficiellement ces interrogations, proches de celles soulevées par Steven Spielberg dans A.I. Intelligence Artificielle, pour se concentrer sur son moteur principal : la satire potache, grasse et de préférence située en dessous de la ceinture. Les spectateurs qui ne sont pas allergiques aux gags paillards et aux loufoqueries puisées dans la culture geek verront leurs zygomatiques sollicités avec autant d’efficacité que pour le premier Ted, les deux films cultivant le même esprit salace et le même humour référentiel. Les autres ont tout intérêt à passer leur chemin sous peine de pousser de longs soupirs d’exaspération tout au long du métrage. Car Seth MacFarlane est bien conscient d’avoir ses fans et ses détracteurs, caressant les premiers dans le sens du poil sans se soucier des autres.
Guest stars et cascade de gags
Désireux de ne pas se cantonner à l’espace étriqué d’une comédie traditionnelle, le scénariste/réalisateur/acteur a décidé pour cette séquelle d’élargir son horizon, empruntant tour à tour les codes du film de tribunal (le cœur du récit est un procès au cours duquel Ted clame son humanité), du road movie (les trois héros traversent une partie de l’Amérique en voiture pour trouver un avocat) et même de la comédie musicale, le temps d’un générique flamboyant hérité des chorégraphies de Busby Berkeley. Comme toujours, quelques guest stars viennent égayer le film. Sam Jones, héros du Flash Gordon de 1980, revient ainsi jouer son propre rôle, Morgan Freeman incarne un vieil avocat acquis tardivement à la cause de Ted et Liam Neeson nous gratifie d’un passage hilarant dans lequel il semble autoparodier sa prestation tourmentée dans Taken. Cerise sur le gâteau, le climax du film se situe en plein Comic Con, prétexte idéal pour une cascade de gags absurdes conçus comme autant de clins d’œil aux fans de SF et de comics.
© Gilles Penso
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