Une suite très facultative du chef d'œuvre de 1933, réalisé avec la même équipe et sorti dans la foulée de son illustre prédécesseur
SON OF KONG
1933 – USA
Réalisé par Ernest B. Schoedsack
Avec Robert Armstrong, Helen Mack, Frank Reicher, Noble Johnson, Steve Clemento, Victor Wong, John Marston
THEMA SINGES I DINOSAURES I DRAGONS I SAGA KING KONG
Le succès de King Kong fut tellement gigantesque que la même équipe se lança immédiatement dans une séquelle joyeusement titrée Le Fils de Kong. Et oui, le grand singe avait un rejeton ! Espérons qu’un jour on nous présentera sa mère ! Le scénario, qui semble s’inspirer en partie d’un film muet de 1927 baptisé The Enchanted Island, se centre autour du personnage de Carl Denham, croulant sous les dettes et ruiné depuis que son gorille géant a ravagé la moitié de New York. Il entend un jour parler d’un trésor qui serait caché quelque part sur l’île du Crâne. Il décide alors d’y retourner avec le capitaine Englehorn, le cuisinier Lumpy et un personnage louche nommé Helstrom. Tous trois font escale sur le port malais de Dakang, où ils rencontrent la jeune Hilda. Celle-ci survit avec son père alcoolique grâce à l’exploitation d’un numéro minable de singe savant. Après un incendie criminel qui met fin aux jours de son père, Hilda décide de partir avec Denham et son équipage. Arrivés sur l’île, ils trouvent une version un peu plus petite de Kong, à la fourrure blanche peu touffue, qu’ils arrachent aux sables mouvants. La créature joueuse les prend dès lors en amitié.
Assez ressemblant à son père, bien que moins grand, couvert de poils blancs, Kong junior roule des épaules en se dandinant comme un bouledogue de Tex Avery. Ainsi, alors que la première partie du film, reprenant l’histoire quelques mois après la fin du film précédent, a des tonalités réalistes, sérieuses, voire mélodramatiques, la suite en revanche, qui se déroule sur l’île du crâne, bascule dans le délire le plus total et prend des allures de cartoon. Le premier adversaire de Kong junior est un ours des cavernes, censé mesurer quatre mètres et demi de haut. Son combat avec le gorille est un peu longuet, mais c’est une vraie petite merveille du point de vue de l’animation. Plus tard, notre Kong miniature se heurte à un dinosaure quadrupède fantaisiste aux grands yeux blancs et aux allures de dragon chinois. L’affrontement de Kong Jr contre cet étrange animal, filmé dans une très belle maquette de temple antique, s’inspire de ceux de du Kong original contre les sauriens de son île. Nous demeurons donc en terrain connu.
Une fantasie « sério-comique »
Parmi les autres monstres qui hantent les lieux, on note un styracosaure échappé des scènes coupées de King Kong et un monstre marin qui surgit brusquement pour dévorer un marin, tous animés de main de maître par un Willis O’Brien pourtant bien peu motivé par cette séquelle manquant d’ampleur et d’inspiration. D’autant que le final, abrupt et imprévu, est un sommet d’incohérence. Annoncée comme « A Serio-Comic Phantasy », Le Fils de Kong engrangea bon nombre de spectateurs au début de son exploitation, grâce à l’aura de son prédécesseur, mais son succès s’avéra éphémère, le film ayant fini par sombrer un peu dans l’oubli. Il faut dire qu’on a du mal à croire que cette fantaisie sans prétention ait été réalisée la même année et avec la même équipe que le monumental King Kong.
© Gilles Penso
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