Pour son premier long-métrage au cinéma, Richard Donner s'attaque au thème de l'antéchrist et réalise un classique de l'épouvante
THE OMEN
1976 – USA
Réalisé par Richard Donner
Avec Gregory Peck, David Warner, Lee Remick, Billie Whitelaw, Harvey Stephens
THEMA DIABLE ET DEMONS I SAGA LA MALEDICTION
En 1973, Hollywood était encore sous le choc de L’Exorciste et de son score spectaculaire au box office. Tous les producteurs se mirent alors en branle pour essayer de proposer leur propre film d’épouvante démoniaque. Le studio Fox décida ainsi de lancer un film à gros budget et au casting prestigieux : La Malédiction. Le scénario de David Seltzer avait pourtant fait le tour des studios sans trouver acquéreur, sans doute à cause de son approche trop frontale des phénomènes surnaturels. C’est Richard Donner, alors spécialisé dans la réalisation de séries et de téléfilms, qui donna l’impulsion au projet après que l’agent Ed Rosen lui ait proposé de lire le script. Donner parvint à convaincre Alan Ladd Jr, alors à la tête de la Fox, de le laisser diriger le film. Allégé de ses allusions trop directes aux démons et aux sorcières, La Malédiction se transforma en thriller réaliste teinté d’horreur et de fantastique. Gregory Peck, pourtant à la retraite depuis plusieurs années, accepta d’endosser le rôle du diplomate américain Robert Thorn et permit au film de se concrétiser.
L’intrigue commence à Rome, où Thorn et son épouse Katherine (Lee Remick) attendent leur premier enfant. Incapable d’annoncer à sa femme la mort tragique de leur nouveau-né, le diplomate décide de prendre comme fils un bébé orphelin. Mais lorsque le petit garçon, prénommé Damien, grandit, il devient évident qu’il ne s’agit pas d’un enfant ordinaire. Robert Thorn réalise peu à peu que le Mal se cache derrière le visage angélique de son fils. Et si le véritable père de Damien n’était autre que Satan lui-même ? Et si sa venue annonçait une confrontation entre les forces du bien et du mal ? Terriblement angoissant parce que profondément tangible, La Malédiction est ponctué de scènes choc mémorables, comme une chute accidentelle filmée de manière inédite (grâce à un décor inversé, le sol étant bâti contre un mur) ou une décapitation filmée avec cinq caméras simultanées et entrée dans l’histoire du cinéma d’horreur.
Les chœurs démoniaques de Jerry Goldsmith
Richard Donner semblait attendre l’occasion de prouver son savoir-faire, et La Malédiction fit office de tremplin pour sa prestigieuse carrière. Il eut l’excellente idée de tirer le chef opérateur Gilbert Taylor (Docteur Folamour, Répulsion, Frenzy) de sa retraite pour bénéficier de son sens unique de l’image. Taylor se prit tellement au jeu qu’il entama dès lors une seconde carrière, signant dans la foulée les images de La Guerre des Etoiles et du Dracula de John Badham. Donner eut aussi l’audace de réclamer une rallonge budgétaire auprès d’Alan Ladd Jr pour pouvoir se payer les services du compositeur Jerry Goldsmith. Puisant dans le répertoire religieux et s’inspirant des classiques, comme « Alexandre Newsky » de Prokofiev, le compositeur signa à l’occasion une partition magnifique qui lui permit de remporter un Oscar et sur laquelle repose une grande partie de l’impact de La Malédiction. Il faut aussi saluer la prestation glaciale du jeune Harvey Stephens dans le rôle de Damien, et celle de David Warner en photographe promis à un funeste destin. Le phénomène La Malédiction était lancé, et pour Richard Donner, une nouvelle carrière commençait.
© Gilles Penso
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