Une séquelle qui ne vaut pas l'original mais mérite largement le détour pour ses moments de folie et ses excès surréalistes
BRIDE OF RE-ANIMATOR
1992 – USA
Réalisé par Brian Yuzna
Avec Jeffrey Combs, Bruce Abbott, Claude Earl Jones, Fabianna Udenio, David Gale, Kathleen Kinmont, Mel Stewart
THEMA ZOMBIES I MEDECINE EN FOLIE I SAGA RE-ANIMATOR
Le dénouement très ouvert de Re-Animator appelait une suite. La voici donc, même si elle ne respecte pas vraiment les données du premier épisode. En effet, on ignore ce que devient la fiancée de Daniel Caïn ressuscitée dans un déchirant hurlement, ni comment Herbert West a survécu à son engloutissement dans les entrailles du cadavre du professeur Hill. Après l’hécatombe dont ils furent à l’origine, West et Cain ont pris le large. Ils se retrouvent au Pérou comme chirurgiens volontaires dans une guerre locale. Avec toujours autant de suite dans les idées, West a emporté un flacon de son sérum fluorescent. Grâce à une très abondante matière première (amputés, mutilés et cadavres en tout genre), il se perfectionne et, de retour au Miskatonic Hospital, reprend ses expériences hérétiques. Cette fois-ci, il se met en tête de donner la vie à une femme fabriquée de toutes pièces en lui greffant le cœur de Meg, l’amie de Dan. Pour s’exercer, il crée d’étranges créatures, prétexte à de nouvelles trouvailles pour le maquilleur fou Screaming Mad George.
D’où cette incroyable créature arachnoïde constituée d’un œil et de trois doigts (animée image par image par David Allen à la manière de Ray Harryhausen et objet d’une séquence gag savoureuse), ce chien affublé d’une main humaine, ou encore ce bras et cette jambe collés bout à bout qui se mettent soudain en mouvement, mus par une vie autonome. Le vieil ennemi de West, le professeur Hill, surgit à nouveau et greffe des ailes de chauve-souris à la place de ses oreilles pour transformer sa tête décapitée en volatile monstrueux, carrément ! Réalisée par Brian Yuzna, producteur du premier épisode, cette séquelle puise non seulement son inspiration chez H.P. Lovecraft (certains éléments non utilisés de la nouvelle initiale, comme les chirurgiens de guerre, sont exploités ici) mais aussi chez Mary Shelley, comme l’évoque le titre original laconiquement traduit en français par Re-Animator 2.
La fiancée du Re-Animator
De fait, la partie la plus intéressante du film concerne la construction d’une « femme parfaite » artificielle, Kathleen Kinmont réitérant avec talent la performance d’Elsa Lanchester dans La Fiancée de Frankenstein. Son apparition finale, hélas trop brève, lui doit une place de choix au panthéon des monstres mythiques du cinéma fantastique. Et cette morte-vivante déchirée entre son état de cadavre anthropophage et son statut d’être humain reconstitué annonce l’inoubliable femme-zombie du Le Retour des Morts-Vivants 3 que Yuzna réalisera quatre ans plus tard. Mais avant ce final dantesque, le film part dans tous les sens, la nervosité de l’opus précédent se muant ici en frénésie hystérique. Le scénario donne ainsi l’impression de servir principalement de prétexte à la mise en image d’effets spéciaux surréalistes dans la lignée de ceux de Society. L’inspiration qui animait le film de Stuart Gordon semble donc s’être un peu essoufflée, d’autant que Yuzna n’égale guère son poulain en matière d’inventivité de mise en scène, et qu’il s’encombre ici d’une partition moins inspirée de Richard Band (intégralement synthétique cette fois) et d’une photographie assez hideuse.
© Gilles Penso
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