Le premier long-métrage de Luc Besson est une fable muette post-apocalyptique tournée en noir et blanc
LE DERNIER COMBAT
1983 – FRANCE
Réalisé par Luc Besson
Avec Pierre Jolivet, Jean Bouise, Fritz Wepper, Jean Reno, Christiane Krüger, Maurice Lamy, Pierre Carrive
THEMA FUTUR
Luc Besson se destinait à priori à une carrière d’océanographe, mais à l’âge de 17 ans, il tomba amoureux du cinéma en visitant un plateau de tournage, et désormais plus rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Après des années de stages et d’assistanat, il réalise en 1981 le court-métrage L’Avant Dernier. Dans un décor post-apocalyptique filmé au beau milieu d’immeubles en ruines, Pierre Jolivet, son co-scénariste, et Jean Réno, déniché pendant le casting des Bidasses aux Grandes Manœuvres, y incarnent les derniers survivants de l’humanité, le tout dans un magnifique scope noir et blanc. « C’est le bruiteur André Naudin qui nous a donné l’idée de tirer un long-métrage de ce film », se souvient Besson (1). Remettant à plus tard son projet Subway, le jeune cinéaste se lance alors dans Le Dernier Combat, entraînant avec lui la même équipe et composant comme il peut avec un budget de trois millions et demi de francs.
Écrit en dix jours, et quelque peu influencé par la Guerre Froide, le scénario nous décrit un futur indéterminé. Après la destruction de la civilisation et l’oubli du langage articulé chez les humains, un homme (Jolivet) survit au sommet d’une tour engloutie par les sables, préparant son départ vers l’horizon. Là, il découvre d’autres survivants qui ont organisé leur existence sous les ordres d’un chef sanguinaire (Réno). Il rencontre aussi, dans Paris détruit, un vieux médecin traumatisé (Jean Bouise), qui s’est retranché dans les décombres d’une clinique et se protège contre les agressions d’un monstre à figure humaine. Sur un thème difficile, car souvent sujet aux clichés et aux redites, Luc Besson opte pour une approche entomologique, anecdotique, voire humoristique, dénuée du moindre dialogue. Le Dernier Combat brosse ainsi la vie quotidienne d’un individu évoluant sans héroïsme ni sauvagerie (archétypes de ce type de récit), au milieu d’un univers dévasté et recyclé. Le cinéaste y fait déjà montre d’une belle maîtrise technique, surtout en regard des petits moyens à sa disposition, et égraine des séquences insolites comme le vol en ULM, la pluie de poissons ou la tempête de sable.
Le starting-block d'une carrière spectaculaire
Tourné en dix jours, principalement dans les décombres des anciennes usines Citroën, le film bénéficie de costumes très astucieux signés Martine Rapin, d’un design sonore extrêmement fouillé et de l’apport de deux futurs collaborateurs réguliers de Besson : le chef opérateur Carlo Varini et surtout le compositeur Eric Serra, qui signe là sa première bande originale de film, optant pour des orchestrations et des mélodies un peu trop carrées, répétitives et systématiques pour convaincre totalement. « Pour moi, le compositeur est un co-dialoguiste », explique Besson. « La réplique d’un acteur commence une phrase, la musique la termine. Il y a donc une connivence d’écriture. Or plus on se connaît, mieux on écrit ensemble. D’ailleurs, on ne compte plus les réalisateurs qui ont un compositeur attitré : Spielberg avec Williams, Hitchcock avec Herrmann, Leone avec Morricone » (2). Le Dernier Combat finira par rapporter douze prix à travers le monde, notamment au Festival du Film Fantastique d’Avoriaz, et lancera la carrière triomphale de Luc Besson.
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2006
© Gilles Penso
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