AVENGERS : L’ÈRE D’ULTRON (2015)

Joss Whedon tente un nouveau film choral réunissant tous les Vengeurs du Marvel Cinematic Universe mais ne retrouve pas l'alchimie de l'opus précédent

AVENGERS : AGE OF ULTRON

2015 – USA

Réalisé par Joss Whedon

Avec Robert Downey Jr, Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Chris Evans, Jeremy Renner, Aaron Taylor-Johnson

THEMA SUPER-HEROS I ROBOTS I SAGA MARVEL I AVENGERS I IRON MAN  CAPTAIN AMERICA I THOR  HULK

Soyons honnêtes : Avengers : l’ère d’Ultron est impossible à appréhender comme un film traditionnel. A la fois séquelle du premier Avengers et crossover de pas moins de huit longs-métrages, il doit aussi tenir compte de toutes les productions Marvel programmées par le studio jusqu’en 2019 et de l’ensemble des comics consacrés aux Vengeurs depuis 1963. Or si Avengers avait su trouver le parfait équilibre entre les impératifs stratégiques d’un studio en pleine expansion et les intentions d’un auteur amoureux de son sujet, ce second opus peine à retrouver l’harmonie et la pureté de son modèle. Certes, les séquences d’action irradient avec générosité un écran saturé de visions iconiques conçues comme autant de cadeaux livrés aux appétits des amateurs de comics. Les morceaux de bravoure s’enchaînent, donnant la part belle à des chorégraphies d’autant plus grisantes qu’elles reposent souvent sur le principe de la complémentarité. Les pouvoirs respectifs de chaque membre de l’équipe des Avengers s’additionnent ainsi pour décupler leur efficacité.

Mais deux bémols viennent entraver la force de ces pugilats spectaculaires : une lisibilité parfois difficile due à une propension systématique à la secousse de caméra doublée d’une 3D inconfortable, ainsi qu’un sentiment de répétition et d’accumulation des péripéties, l’ultime bataille rappelant par bien des aspects celle qui opposait nos héros aux aliens du Avengers précédent. Soucieux de ne pas perdre de vue l’angle humain de son récit, Joss Whedon laisse ses héros exposer leurs tourments au sein de séquences dialoguées redéfinissant leurs rapports et leurs statuts respectifs au sein du groupe. Inattendue, la relation presque fusionnelle qui lie Natasha Romanoff et Bruce Banner ou la vie de famille paisible d’Hawkeye ouvrent de nouveaux horizons narratifs et placent sur le devant de la scène des personnages habituellement en retrait. Mais du coup, le « trio vedette » constitué de Captain America, Thor et Iron Man, perd de sa consistance. Tony Stark, notamment, vit très peu de conflits internes au fil du récit, alors qu’il est censé en être le personnage central dans la mesure où il est à l’origine du redoutable Ultron.

La spontanéité n'a plus cours

Or la décision qui préside à la création du robot meurtrier est expédiée en quelques minutes, l’inquiétude face à ce danger soudain est à peine esquissée, et le syndrome de l’apprenti-sorcier – qui aurait dû logiquement constituer le cœur même de la narration – n’est quasiment jamais traité. D’autant que la toute-puissance d’Ultron le rend techniquement invincible. Il peut se faufiler dans tous les réseaux, contrôler toutes les machines, habiter tous les corps mécaniques qu’il souhaite… Lorsque les Avengers finissent par se débarrasser de lui au bout de deux heures vingt de métrage, d’une manière somme toute assez expéditive, on ne peut s’empêcher d’y voir une certaine facilité scénaristique, là où un autre atout que la force physique aurait sans doute dû être sollicité. Le bilan de ce second Avengers est donc mitigé, fixant les limites d’un système menaçant d’enfermer ses films dans une mécanique narrative sclérosée empêchant l’émergence de la personnalité de leurs auteurs. 

 

© Gilles Penso

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