Une série policière d'un genre très spécial dans laquelle le héros peut se transformer à volonté en toutes sortes d'animaux
MANIMAL
1983 – USA
Créée par Glen A. Larson et Donald R. Boyle
Avec Simon MacCorkindale, Melody Anderson, Michael D. Roberts, Reni Santoni, William Conrad
THEMA MAMMIFERES I REPTILES ET VOLATILES
En 1983, rien ne préparait les téléspectateurs à un programme aussi fou que Manimal. Certes, la série L’Incroyable Hulk de Kenneth Johnson nous avait déjà familiarisés avec un héros capable de se transformer en titan vert à la moindre contrariété (deux métamorphoses par épisode, selon un cahier des charges narratif solidement établi). Mais dans Manimal, œuvre conjointe de Glen A. Larson et Donald R. Boyle, les mutations vont bien plus loin. Le héros, interprété par Simon Mac Corkindale, s’appelle Jonathan Chase. Après avoir étudié pendant de longues années les mystères de la nature et les liens tissés entre les humains et les autres espèces animales, au fin fond de la jungle africaine et des monts tibétains, il possède un secret ancestral qui lui permet de se changer en n’importe quel animal. Il utilise cette capacité hors du commun pour lutter contre le crime, aux côtés de son ancien collègue de l’armée Tyron Earl (Michael D. Roberts) et de l’inspecteur de police Brooke McKenzie (Melody Anderson).
Cette série excentrique, qui ne comprend en tout et pour tout qu’un pilote de 90 minutes et sept épisodes de 45 minutes, serait probablement passée inaperçue si elle n’était allée au bout de son concept. Ainsi, si Jonathan Chase a droit à deux transformations par épisode, comme Bill Bixby dans L’Incroyable Hulk, celles-ci se déroulent en temps réel face à l’écran et bénéficient d’effets spéciaux de maquillage alors très impressionnants. Sollicité à l’occasion, le très talentueux Stan Winston (Aliens, Terminator, Predator, Jurassic Park) déborde ici de savoir-faire, grâce à des prothèses mobiles, des “bladders” (poches gonflables) et toutes sortes de procédés mécaniques ingénieux hérités en partie des travaux de Rick Baker sur Le Loup-garou de Londres. Généralement, Chase se mue en panthère et en faucon. Mais au fil des épisodes, il lui arrive aussi de prendre la morphologie d’un ours, d’un serpent, d’un dauphin, d’un cheval ou d’un taureau. L’efficacité de ces effets est souvent amenuisée par la mise en scène, qui a tendance à lourdement insister sur chaque gros plan, brisant la continuité des scènes d’action pour laisser les téléspectateurs admirer les trucages, et par les scénarios eux-mêmes. Comment expliquer par exemple que Chase se retrouve dans un costume impeccable une fois qu’il retrouve son apparence humaine, alors que les téléspectateurs ont clairement vu ses vêtements se déchirer pendant les métamorphoses ?
Sept épisodes seulement
Quelques visages connus donnent la réplique aux héros de la série, notamment Ursula Andress dans le pilote, mais aussi David Hess (La Dernière maison sur la gauche), Richard Lynch (L’Épée sauvage), Doug McClure (Le Sixième continent), Ed Lauter (Cujo) et Robert Englund (pas encore devenu Freddy Krueger). Quatre épisodes supplémentaires étaient prévus par Larson et Boyle pour clore la première saison, mais NBC eut la mauvaise idée de diffuser la série en même temps que Dallas, programme phare de la chaîne concurrente CBS. Sans surprise, Manimal essuya un échec cuisant face aux déboires feuilletonnesques de la famille Ewing. Considérée par beaucoup de critiques comme un sommet de kitsch, de mauvais goût et d’absurde, Manimal est passé quasiment inaperçu aux États-Unis. Mais en France, où elle fut diffusée à partir de 1985, la série a su s’ériger au statut d’œuvre culte, générant même une communauté de fans saluant son audace et son grain de folie.
© Gilles Penso
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