Deux ans après Halloween, Jamie Lee Curtis affronte un nouveau tueur en série psychopathe
PROM NIGHT
1980 – USA
Réalisé par Paul Lynch
Avec Jamie Lee Curtis, Leslie Nielsen, Robert Silverman, Casey Stevens, Eddie Benton, Mary Beth Rubins
THEMA TUEURS
L’année 1980 marque le démarrage d’une vogue massive du slasher. Deux ans après les méfaits de Michael Myers dans La Nuit des masques, des tueurs désaxés surgirent ainsi à tous les coins de rue pour massacrer des victimes plus ou moins innocentes. Quasi-simultanément, les écrans du monde entier projetèrent Vendredi 13, Happy Birthday, Le Monstre du train, Les Yeux de la terreur et ce Bal de l’horreur qui sort du lot grâce à sa mise en scène stylisée. Au cours du prologue, quatre enfants provoquent la mort accidentelle d’une petite fille pendant une partie de cache-cache. Ils décident de ne jamais en parler, ignorant qu’un témoin a assisté à la scène. Six ans plus tard, les voilà devenus lycéens. En plein préparatifs du bal de fin d’année, dans une ambiance qui n’est pas sans évoquer Carrie, ils vont devoir assumer les conséquences de leurs actes… Contrairement à la majorité des praticiens du genre à la même époque, Paul Lynch ne calque pas sa réalisation sur celle de John Carpenter. Il possède son propre univers visuel, portant les stigmates de celui, brut et âpre, de plusieurs œuvres des années 70. Des effets de montage surpenants (employant des plans de coupe abrupts qui alternent les mêmes protagonistes adolescents et enfants), l’usage étrange d’une voix off intérieure, la bande originale singulière, le jeu des reports de point et des avant-plans comme vecteurs de suspense contribuent à la construction d’un climat oppressant.
Sous la direction de Lynch, on découvre une poignée de visages familiers, notamment Jamie Lee Curtis, qui capitalise sur le succès de La Nuit des masques tout en s’éloignant volontairement du personnage de Laurie Strode qui la rendit célèbre, et ce bon vieux Leslie Nielsen dans le rôle du père endeuillé. La même année, le comédien aux cheveux blancs allait voir sa carrière décoller grâce à Y’a-t-il un pilote dans l’avion ?, premier d’une longue série de rôles burlesques qu’il endossera avec une bonne humeur souvent communicative. Alors que le bal de fin d’année bat son plein, aux accents d’une musique disco sous influence des Bee Gees, Jamie Lee Curtis et son cavalier se livrent à une longue chorégraphie qui semble échappée de La Fièvre du samedi soir sur le dancefloor lumineux. Mais dans l’ombre, un tueur cagoulé et armé d’éclats de miroirs commence à faire couler le sang…
Une singularité rafraîchissante
A contre-courant d’Halloween et de Vendredi 13, le premier meurtre est brutal mais se déroule hors champ, au ralenti, la bande son s’emplissant des pensées confuses de l’assassin et de la musique lointaine du bal. Le massacre s’accélère pendant la dernière demi-heure, sans se priver de quelques touches d’humour noir, comme lorsqu’une jeune fille s’exclame « je me souviendrai de ce jour toute ma vie » avant de se faire transpercer la gorge, tandis que son compagnon, pris de panique, précipite son van dans un ravin. Le film s’achève par une décapitation spectaculaire et par une révélation étonnante qui fait basculer l’atmosphère du film de l’horreur vers le pathétique, confirmant la singularité rafraîchissante de ce Bal de l’horreur moins prévisible qu’il n’y paraît.
© Gilles Penso
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