UN TICKET POUR L’ESPACE (2005)

Une mission spatiale parodique portée par un casting de premier ordre mais plombée par un scénario anémique

UN TICKET POUR L’ESPACE

2005 – FRANCE

Réalisé par Eric Lartigau

Avec Kad Merad, Olivier Barroux, Guillaume Canet, Marina Foïs, André Dussolier, Pierre-François Martin Laval, Thierry Frémont 

THEMA SPACE OPERA

Eric Lartigau est un réalisateur à l’américaine, un solide technicien capable d’adapter son style et son savoir-faire aux volontés des producteurs et des scénaristes. C’est ce qu’il prouva notamment avec Mais qui a tué Pamela Rose ?, redoublant d’efforts – en vain hélas – pour dynamiser par sa mise en scène et sa direction artistique le scénario anémique de Kad et Olivier. Dans Un Ticket pour l’Espace, la donne est la même. Le script aurait tout juste été capable d’alimenter un sketch du duo comique, mais il peine sérieusement à tenir la route sur la durée d’un long métrage. Formaté pour ses vedettes comiques issues du petit écran et de la scène, Un Ticket pour l’Espace souffre ainsi du même syndrome que La Tour Montparnasse Infernale ou RRRrrr !!!. Le prologue se situe une trentaine d’années dans le futur, époque où les moutons sont devenus suffisamment intelligents pour assister les humains dans toutes sortes de taches, comme le pilotage d’hélicoptère. Puis un flash-back nous ramène à notre époque. Afin de redorer auprès de l’opinion publique son blason, terni par les crédits colossaux alloués chaque année à la recherche spatiale, le gouvernement français décide de lancer une vaste opération de communication. Le Centre Spatial Français parraine ainsi « Un Ticket pour l’Espace », un jeu à gratter qui permettra à deux civils de séjourner dans la station spatiale orbitale européenne aux côtés d’un équipage professionnel.

Le commandant Beaulieu (Olivier Barroux) est très réticent, et s’apprête à refuser de diriger la mission, malgré les insistances de son supérieur Werburger (André Dussolier), mais la présence à bord de la charmante Soizic (Marina Foïs) le fait changer d’avis. Les deux heureux élus sont Cardoux (Kad Merad), un comédien raté et mythomane, et Yonis (Guillaume Canet), un jeune homme qui a trafiqué le fichier informatique pour pouvoir intégrer l’équipe. L’opération est un immense succès, mais tout bascule lorsque Yonis prend la station en otage et menace de la faire s’écraser sur Terre si le gouvernement n’accepte pas de libérer son frère, un redoutable tueur en série… Soucieux de remplacer la parodie, moteur de leur film précédent, par un comique de situation extrême, et très envieux de s’essayer à la science-fiction, Kad et Olivier avouent s’être en partie laissés inspirer par la trame du Voyage Fantastique de Richard Fleischer, duquel ils ont emprunté l’idée du traître se faufilant dans l’équipage pour menacer le bon déroulement de la mission.

Attention au dindon géant

Certes, les décors de la station spatiale (entièrement reconstitués dans les studios de Bry sur Marne) sont somptueux, les effets spéciaux numériques sont spectaculaires à souhait (avec en prime l’apparition d’un dindon géant) et la bande originale marche sans complexes sur les traces de Jerry Goldsmith. Mais derrière ce bel emballage, Un Ticket pour l’Espace s’avère désespérément creux, ses gags ne provoquant que trop épisodiquement le rire. Le meilleur d’entre eux ? Très probablement la voix de la station spatiale, interprétée non par une actrice à la prononciation sexy et chaleureuse, comme à l’accoutumée, mais par ce bon vieux Enrico Macias, dont l’accent pied noir suscite aussitôt l’hilarité générale !

 

© Gilles Penso

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