LE FILS DE FRANKENSTEIN (1939)

Ce troisième épisode des aventures du Monstre de Frankenstein incarné par Boris Karloff s'oriente vers une intrigue volontiers rocambolesque

SON OF FRANKENSTEIN

1939 – USA

Réalisé par Rowland V. Lee

Avec Boris Karloff, Basil Rathbone, Bela Lugosi, Lionel Atwill, Josephine Hutchinson, Donnie Dunagan, Emma Dunn 

THEMA FRANKENSTEIN I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Après les deux chefs d’œuvre qu’elle consacra au mythe de Frankenstein, la compagnie Universal produisit Le Fils de Frankenstein, dans le but très pragmatique d’exploiter un filon particulièrement rémunérateur. Mais ce troisième épisode dépasse largement son statut de séquelle servile pour s’ériger en nouveau classique du genre. La tonalité a changé et le monstre, survivant miraculeux de l’explosion du laboratoire de Frankenstein, est redevenu un automate muet. L’empathie envers cette triste créature ne passe donc plus par les dialogues, si laconiques soient-ils, mais à nouveau par la pantomime balourde et l’expressivité douloureuse de Boris Karloff. Même s’il ne s’élève pas au niveau du diptyque de James Whale, Le Fils de Frankenstein demeure un spectacle foncièrement distrayant, assorti de décors somptueux et d’une très belle photographie en noir et blanc, dans la droite lignée des influences expressionnistes du premier film de la série. Il fut pourtant question de tourner cette séquelle en Technicolor à l’origine, mais les tests sur le maquillage de Jack Pierce s’avérèrent peu convaincants (Boris Karloff se retrouvait affublé d’un visage verdâtre du plus curieux effet).

Succédant à James Whale, Rowland V. Lee, vétéran du cinéma d’aventure des années vingt, assure une mise en scène efficace et élégante. Ici, Basil Rathbone, habitué au rôle de Sherlock Holmes, incarne Wolf Von Frankenstein, le fils du célèbre savant qui donna vie au monstre. Il débarque d’Amérique en compagnie de sa femme et de son enfant dans le village où son père vécut, afin de prendre possession du château familial qui lui a été légué. Mais les villageois se montrent très hostiles. En effet, personne n’a oublié la créature qui dévasta le village vingt-cinq ans plus tôt, même si ce Frankenstein, apparemment guère piqué par le virus de la science, semble être un homme affable et équilibré. Un jour, Wolf visite le laboratoire de son père et y rencontre Ygor, le serviteur de ce dernier qui fut pendu pour profanation de sépulture mais survécut à sa peine (d’où un cou tordu, une voix rauque et un port de tête franchement étrange). On note que cet étrange et hirsute subalterne est incarné par Bela Lugosi, celui-là même qui fut Dracula en 1931 et qui refusa le rôle du monstre de Frankenstein.

La fin d'une trilogie

Ygor montre au baron le corps inanimé mais toujours vivant de la créature. Effrayé puis progressivement fasciné, Wolf décide de poursuivre les travaux de son père et réussit à ranimer le monstre. Mais il semble qu’Ygor ait une grande influence sur la créature qui lui obéit servilement. L’ancien pendu en profitera pour la faire tuer les hommes qui jadis le condamnèrent, et c’est Wolf qui se trouve accusé des crimes. C’est alors qu’intervient l’inspecteur Krogh, un méticuleux policier affublé d’un bras en bois qu’incarne avec beaucoup de saveur Lionel Atwill… Même si la saga Frankenstein se poursuivit au-delà du Fils de Frankenstein, le film de Rowland V. Lee clôt une trilogie, dans la mesure où ce sera la dernière fois que Boris Karloff interprètera le monstre (si l’on excepte une ultime apparition déguisée en forme de clin d’œil dans un épisode de la série Route 66). 

 

© Gilles Penso

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