BODY TRASH (1993)

Le réalisateur australien Philip Brophy utilise un scénario prétexte pour faire fondre la majorité de son casting à grand renfort d'effets ultra-gore !

BODY MELT

1993 – AUSTRALIE

Réalisé par Philip Brophy

Avec Gerard Kennedy, Andrew Daddo, Ian Smith, Regina Gaigalas, Vincent Gil, Neil Foley, Anthea Davis, Matthew Newton 

THEMA MUTATIONS

En 1992, la Nouvelle-Zélande dépassait toutes les limites établies en matière de cinéma gore via Braindead de Peter Jackson. Un an plus tard, l’Australie contre-attaque avec ce Body Trash de Philip Brophy qui s’efforce d’aller encore plus loin dans le mauvais goût et l’outrance. Le prétexte scénaristique est des plus ténus. Il concerne une drogue d’un genre nouveau, conçue par la compagnie pharmaceutique Vimuville pour modifier l’organisme humain et le renforcer. Afin d’en expérimenter les effets, ses créateurs n’hésitent pas à employer comme cobayes involontaires les habitants de la paisible bourgade de Pebbles Court, à Homesville. Les premiers effets de cette vitamine d’un nouveau genre sont hallucinatoires. Un homme d’affaires est ainsi hanté par la vision d’une jeune femme partiellement défigurée qui apparaît et disparaît régulièrement, puis revient le visiter en pleine nuit sous forme d’une séduisante sorcière qui collectionne les cotes et lui en arrache donc une à mains nues ! La seconde phase est d’ordre glandulaire. Les victimes sont donc secouées de spasmes inquiétants, prélude à des effets indésirables beaucoup plus préoccupants. C’est notamment le cas d’un homme dont la morve abondante est animée d’une vie propre, ou d’un jeune marié soudain attaqué par le placenta de sa femme enceinte ! Mais tout ça n’est rien à côté de la phase ultime, qui doit au film son titre original : Body Melt, autrement dit la « dissolution du corps ».

Là, tous les délires sont permis, via des effets de maquillage hallucinants signés Bob McCarron, déjà à l’œuvre sur les zombies de Braindead, et marchant ouvertement sur la trace des extravagances cosmétiques conçues par Screaming Mad George pour Society. Nous avons ainsi droit, en vrac, à un homme dont la gorge s’ouvre pour libérer des cordes vocales très agressives, un autre dont les yeux s’exorbitent tandis que sa bouche se déchire, une femme étouffée par sa propre langue qui prend des proportions alarmantes, ou encore le pensionnaire d’un commissariat de police dont les jets de vomi dépassent de loin ceux de Linda Blair dans L’Exorciste avant qu’il n’explose littéralement à la manière de l’obèse glouton du Sens de la Vie. Même Shaan, créatrice de la vitamine survoltée, voit son invention se retourner contre elle, sa tête finissant par fondre comme une bougie de cire.

Tous les excès sont permis

Comme si tout ça ne suffisait pas, Philip Brophy en rajoute dans les séquences gore annexes à la trame principale, avec une famille de pompistes dégénérée qu’on croirait échappée de Massacre à la Tronçonneuse et qui tue les kangourous pour en dévorer les glandes surrénales, ou avec ce garçon dont la tête éclate après une chute en skate-board. Tous ces excès seraient réjouissants si Brophy les contrebalançait par l’humour cartoonesque qui caractérisait les premiers films de Peter Jackson, ou s’il en profitait pour brosser une satire acerbe du milieu pharmaceutique et médical. Hélas, Body Trash s’avère n’être qu’un défouloir futile dont la seule véritable ambition est d’accumuler les séquences dégoulinantes au rythme d’une musique techno métronomique signée par le réalisateur lui-même.

© Gilles Penso

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