La police ne sait plus où donner de la tête : un tueur mystérieux étrangle, mutile et dévore ses victimes les soirs de pleine lune…
DOCTOR X
1932 – USA
Réalisé par Michael Curtiz
Avec Lionel Atwill, Fay Wray, Lee Tracy, Preston Foster, John Wray, George Rosener, Leila Bennett, Arthur Edmund Carewe
THEMA MEDECINE EN FOLIE
Cherchant à rivaliser avec les films d’horreur du studio Universal, les dirigeants de Warner confièrent à Michael Curtiz cette adaptation de la pièce new-yorkaise à succès « The Terror » d’Howard Comstock et Allen C. Miller. Et pour bien se détacher du lot, Docteur X bénéficie d’un atout technique très en avance sur son temps : une image en couleurs obtenue via un Technicolor bichrome. La police enquête sur six assassinats épouvantables au cours desquels un tueur, qui n’agit que les soirs de pleine lune, étrangle, mutile et dévore une partie de ses victimes.Or le couteau utilisé pour les meurtres est un instrument chirurgical bien particulier que l’on ne trouve que dans l’Académie de Recherches Chirurgicales. Le docteur Jerry Xavier (Lionel Atwill), qui dirige ce prestigieux établissement, est persuadé qu’un de ses confrères est le coupable. Afin d’éviter tout scandale, il propose à la police de mener lui-même l’enquête en interne, requête qu’on ne lui accorde que pendant une durée de quarante-huit heures. Xavier réunit donc les quatre suspects dans son manoir de Long Island, au-dessus d’une falaise, et propose de les soumettre à un test psycho-neurologique pour prouver leur innocence. Sa théorie est que les phobies et les pulsions refoulées peuvent se traduire par des réactions cardiaques. Or au cours de la première expérience, la lumière s’éteint, et lorsqu’elle se rallume l’un d ‘entre eux est retrouvé mort.
Nous sommes donc plongés dans un Whodunit d’un genre bien particulier, auquel participent également Joanne (Fay Wray), la fille de Xavier, Lee Taylor (Lee Tracy), un journaliste un peu insupportable qui assure la fonction comique du film en traînant derrière lui toute une cargaison de gags patauds (les squelettes dans le placard, le vibreur dans la main), ainsi qu’Otto (George Rosener), un fort inquiétant majordome. Les ombres portées et les décors plongés dans la pénombre participent grandement au climat angoissant d’un métrage ciselé et affûté au millimètre près par un cinéaste au sommet de son art. Le mystère s’épaissit ainsi au fil d’un récit s’acheminant vers une excellente scène de suspense finale qui soumet tous les suspects à un « test de culpabilité », enchaînés à leurs sièges et reliés à un appareillage complexe, et annonce avec cinquante ans d’avance l’un des morceaux d’anthologie de The Thing de John Carpenter.
La chair synthétique
Docteur X s’achève sur une séquence hallucinante où le coupable s’enduit les mains et le visage d’une peau artificielle gélatineuse, en clamant d’une voix caverneuse une ôde à la « chair synthétique », jusqu’à ce que ses traits deviennent monstrueux par la grâce d’extraordinaires effets spéciaux de maquillage conçus par la société Max Factor Co. Bref, voilà un véritable chef d’œuvre du genre, à peine entaché par la présence balourde du reporter flirtant avec Fay Wray et manquant à plusieurs reprises de tomber entre les mains du tueur. Un an plus tard, Michael Curtiz se surpassait lui-même en réalisant l’excellent Masque de Cire, toujours avec Lionel Atwill et Fay Wray, et une fois de plus dans un somptueux Technicolor.
© Gilles Penso
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