Prisonniers d'une boucle temporelle, Tom Cruise et Emily Blunt luttent inlassablement contre une race extra-terrestre insaisissable
EDGE OF TOMORROW
2014 – USA
Réalisé par Doug Liman
Avec Tom Cruise, Emily Blunt, Brendan Gleeson, Bill Paxton, Jonas Armstrong, Tony Way, Kick Gurry, Franz Drameh
THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES I VOYAGES DANS LE TEMPS
Vendu comme un croisement surréaliste entre Un Jour sans fin et Starship Troopers, Edge of Tomorrow avait de quoi laisser perplexe. D’autant que la bande-annonce affichait d’autres sources d’inspiration tout aussi disparates : District 9, Il faut sauver le soldat Ryan, Source Code, Aliens… Ce blockbuster porté par la superstar Tom Cruise ne serait-il qu’un patchwork conçu pour capitaliser sur plusieurs succès passés ? Que nenni ! Mû par une énergie et un savoir-faire qui semblaient s’être évaporés depuis La Mémoire dans la peau, Doug Liman met en scène une superbe épopée de science-fiction aux rebondissements vertigineux. Le scénario de Christopher McQuarrie (collaborateur régulier de Bryan Singer) adapte « All You Need is Kill », un roman japonais de Hiroshi Sakurazaka illustré par Yoshitoshi Abe puis transformé en manga quelques années plus tard. Les personnages ont été américanisés mais le récit reste identique. Nous sommes sur la Terre du futur, frappée par une guerre sanglante opposant les humains à une race extra-terrestre insaisissable et extrêmement puissante, les Mimics.
Plongé malgré lui au cœur du conflit, le colonel Bill Cage (Tom Cruise) est tué dès son premier jour de bataille. Mais aussitôt, coincé dans une boucle temporelle, il revient à lui la veille et revit inlassablement la même journée de préparatifs puis de combat. Pour sortir de ce cycle et donner une chance à l’humanité de remporter cette guerre sans espoir, Cage va devoir s’associer à la combattante Rita Vrataski (Emily Blunt) et trouver la seule faille susceptible de défaire l’ennemi. Ne cherchez pas dans Edge of Tomorrow la charge antimilitariste et la cinglante satire politique d’un Paul Verhoeven. Le propos du film de Liman est ailleurs. Divertissement pur porté par une mise en forme extrêmement soignée, une photographie âpre de Dion Beebe (Collatéral, Miami Vice), une musique efficace de Christophe Beck (on aurait préféré John Powell, mais bon…) et d’hallucinants effets visuels donnant corps aux hideux Mimics, Edge of Tomorrow embrasse sans complexe son statut de fable de SF pure et dure sans chercher ailleurs que dans la folie de son concept une quelconque légitimité aux yeux du public.
Vivre, mourir, recommencer…
Parfaitement en phase avec la tonalité mi-légère mi-sombre du film (un exercice d’équilibre délicat auquel s’astreint Liman sans fausse note), Tom Cruise s’investit totalement dans son rôle, avec un charisme et une conviction toujours intacts. Chacun est libre de penser ce qu’il veut de l’homme, de ses frasques, de ses sympathies et de ses déclarations parfois embarrassantes. Mais l’acteur, lui, reste impeccable, ses accointances avec la science-fiction (Minority Report, La Guerre des Mondes, Oblivion) lui permettant d’élargir son registre sans se départir de cette implication physique inconditionnelle qui fait défaut à bien de ses collègues. A ses côtés, Emily Blunt ne démérite pas, parfaitement crédible en émule futuriste des guerrières de Robert Howard, tandis que Bill Paxton et Brendan Gleeson nous offrent des seconds rôles savoureux. Bref, voilà un spectacle de haut niveau qui s’assume et parvient à échapper à ses influences premières pour définir un style finalement très personnel.
© Gilles Penso
Partagez cet article