Une sorte de remake officieux de Ma Sorcière bien aimée avec Vanessa Paradis dans le rôle de la jolie jeteuse de sorts
UN AMOUR DE SORCIÈRE
1996 – FRANCE
Réalisé par René Manzor
Avec Vanessa Paradis, Gil Bellows, Jean Réno, Jeanne Moreau, Dabney Coleman, Katrine Boorman, Malcolm Dixon
THEMA SORCELLERIE
Comme son titre l’indique assez explicitement, Un Amour de sorcière tente de remettre au goût du jour le concept de la série Ma sorcière bien aimée, elle-même inspirée par le roman « Ma Femme est une Sorcière » de Thorne Smith. C’est aussi l’occasion, pour le producteur Christian Fechner, de porter à l’écran l’une de ses plus grandes passions : la magie. Fidèle à ses habitudes, Fechner réunit à cet effet un casting de haut niveau. Vanessa Paradis, Jean Réno et Jeanne Moreau donnent ainsi la réplique au jeune Gil Bellows, future coqueluche de la série Ally McBeal, le tout sous la direction de René Manzor, un réalisateur connu pour sa fantasticophilie (il mit notamment en scène Le Passage et 36-15 code Père Noël). Bellows incarne Michael Firth, un talentueux informaticien venu à Paris pour discuter d’un contrat décisif pour sa carrière. Là, il rencontre la belle Morgane (Paradis) et son fils Arthur, à peine âgé de quelques mois. Or Morgane est une sorcière au service du bien, et Arthur est menacé par les forces du mal représentées par le maléfique Molok (Réno). Pour soustraire son charmant bambin à l’influence du redoutable sorcier, elle doit lui trouver un parrain. Michael est la personne idéale, dans la mesure où il est né, comme l’enfant, un 14 juin à six heures du matin. A l’issue d’une cérémonie occulte, Arthur sera sauvé, mais Michael en ressortira vidé de toute intelligence. C’est ce qu’explique à Morgane sa vénérable grand-mère (Moreau). Or Morgane est en train de tomber amoureuse de Michael…
Paré d’un budget conséquent, Un Amour de sorcière recourt souvent aux effets spéciaux visuels pour donner corps aux pouvoirs magiques de ses protagonistes. « Notre plus grande satisfaction est que le public ne se doute pas une seule seconde que nos plans sont truqués » explique à cet effet Joyce Menger, en charge d’un certain nombre d’effets numériques (1). Mais chaque fois que possible, Fechner fait appel aux techniques des prestidigitateurs afin de capter certaines actions directement devant les caméras. « Quelles que soient les techniques utilisées, la méthode est identique : il faut détourner l’attention du spectateur pour mieux le tromper », raconte Gaëtan Bloom, illusionniste et comédien sollicité pour certains tours de passe-passe sur le tournage. « C’est ce qu’avait déjà parfaitement compris Méliès, qui fut le premier à mixer les tours de magie et les effets spéciaux. » (2).
Le service minimum
Afin de mettre toutes les chances de son côté, l’ambitieux producteur fait de surcroît tourner son film en deux versions, l’une en français, l’autre en anglais sous le titre Witch Way Love (choix qui motiva la présence de comédiens parfaitement bilingues). Hélas, tout ce déploiement de moyens et d’énergies ne joue pas en faveur du film. Artistiquement pauvre, articulé autour d’un scénario excessivement mièvre et porté par des comédiens assurant le service minimum sans nous laisser l’opportunité de nous intéresser à leurs personnages, Un Amour de sorcière est à mille lieues de la grande comédie fantastico-romantique que l’on escomptait. Le film fut donc un flop, et Fechner s’avéra mieux inspiré lorsqu’il retrouva Vanessa Paradis sous la direction de Patrice Leconte dans La Fille sur le pont.
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1996
© Gilles Penso
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