Quelques scènes apocalyptiques vertigineuses égaient ce troisième épisode par ailleurs aussi lourdaud que les deux précédents
TRANSFORMERS 3 : DARK OF THE MOON
2011 – USA
Réalisé par Michael Bay
Avec Shia LaBeouf, Rosie Huntington-Whiteley, Patrick Dempsey, Josh Duhamel, John Turturo, Frances McDormand
THEMA ROBOTS I SAGA TRANSFORMERS
L’avantage, avec Michael Bay, c’est qu’il annonce tout de suite la couleur. Dès le prologue de Transformers 3, nous savons que nous en prendrons plein les mirettes : sur fond de voûte céleste en 3D, un gigantesque vaisseau spatial entre dans le champ à la manière du destroyer impérial de La Guerre des étoiles et nous plonge au cœur d’une vertigineuse odyssée emplie d’engins volants sophistiqués pilotés par des bataillons d’androïdes géants à faire pâlir George Lucas et James Cameron. Quelques minutes plus tard, un gros plan ostentatoire sur les fesses rebondies de Rosie Huntington-Whiteley (la bimbo sélectionnée pour remplacer une Megan Fox lassée des méthodes tyranniques du réalisateur) nous annonce l’autre facette du film : une vulgarité grassement assumée, susceptible de dérider un public peu exigeant tout en titillant la libido des adolescents auxquels le film est directement adressé.
Vulgaire et spectaculaire : en deux mots, le ton est donné. Le cocktail ayant déjà fait ses preuves à deux reprises, pourquoi changer son fusil d’épaule ? Cette fois-ci, l’intrigue s’appuie sur un flash-back bizarre (où les images d’archives granuleuses cohabitent sans la moindre cohérence visuelle avec des reconstitutions ultra-léchées) situé en 1969, le jour où Neil Armstrong pose le pied sur la Lune. Suivant des directives top-secrètes, l’astronaute part explorer la face cachée de notre satellite et y découvre la gigantesque épave d’un robot échoué, le vénérable Sentinel Prime. Ce postulat étant posé, le scénario nous ramène en 2011, alors qu’une nouvelle menace robotique plane sur nos têtes. Les Decepticons sont en effet décidés à prendre leur revanche, épaulés cette fois par le redoutable Shockwave…
Shia La Beouf et son top model
Il faut une sacrée dose d’indulgence pour supporter le spectacle de Transformers 3 sans soupirer d’impatience (lé métrage dure tout de même plus de deux heures et demie !). Mais peut-on passer outre ce couple improbable auquel on nous demande de croire (La Beouf et son top model au brushing impeccable), ces acteurs échappés de l’univers des frères Coen qui se ridiculisent de la plus embarrassante des manières (John Malkovich, John Turturo, Frances MacDormand), cet anthropomorphisme grotesque (les vieux robots ont la barbe ou le crâne dégarni, les jeunes font du roller !), cette mise en scène clippée incapable d’enchaîner un champ et un contre-champ de peur d’ennuyer le public, ces dialogues calamiteux, ce patriotisme iconique, cette xénophobie latente, cette musique horripilante ? Tout n’est pourtant pas à jeter dans Transformers 3. Les effets visuels sont toujours aussi époustouflants, la 3D supervisée par Vince Pace est très performante, et plusieurs séquences situées pendant l’acte final risquent de marquer les mémoires grâce à la très grande efficacité de leur suspense et aux effets de vertige immersifs qu’elles procurent. Steven Spielberg, producteur de cette foire d’empoigne, aurait-il mis la main à la pâte ? Toujours est-il que cette bataille finale, qui n’est pas sans évoquer World Invasion mais aussi les deux premiers Jurassic Park et La Guerre des mondes, est sans conteste le meilleur morceau de cette saga balourde.
© Gilles Penso
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