« Chassez le surnaturel, il revient à pas de loup. »
(Serge Beucler)
« L’homme est un loup pour l’homme ». A travers le mythe du loup-garou, cet adage métaphorique prend corps de manière très impressionnante. La figure du lycanthrope évoque avant tout la bête qui sommeille en chacun de nous, le fameux Ça psychanalytique que l’on retrouve à travers d’autres motifs liés à la métamorphose tels que le cas de Jekyll et Hyde imaginé par Robert Louis Stevenson. A l’origine, il y a cependant une maladie mentale bien tangible, une psychose maniaco-dépressive qui poussait certains individus à se prendre pour de véritables loups, et que la médecine qualifia de « lycanthropie » (« lycos » pour loup et « anthropos » pour homme). Le mythe de l’homme-loup remonte apparemment à l’antiquité gréco-romaine. Des magiciens anthropophages s’y transformaient volontairement en carnassiers velus pour mieux se repaître de leurs semblables. Mais c’est au moyen âge que la légende fut prise le plus au sérieux, des dizaines de milliers de pauvres hères ayant été condamnés pour lycanthropie et écorchés vif à la plus grande satisfaction d’une population désespérément bigote et superstitieuse. Car du loup-garou au Diable, il n’y avait qu’un pas que les inquisiteurs de l’époque franchirent allègrement, estimant que l’eau bénite était d’ailleurs un moyen de protection efficace contre ces suppôts de Satan hirsutes. Durablement ancrée dans les mentalités médiévales, cette croyance s’est nourrie de la terreur générée par les véritables loups qui erraient alors dans les campagnes, comme en témoignent les contes de Grimm et Perrault.
C’est à cette époque que la plupart des « règles » furent définies. Ainsi fut-il établi que les hommes atteints de cet étrange mal subissaient leur métamorphose les nuits de pleine lune, se repaissaient de chair humaine, étaient dotés d’une force colossale et ne pouvaient être détruits qu’avec une arme en argent. Le mode de contamination, quant à lui, évolua au fil des ans. Liée d’abord à une hérédité malheureuse ou à une malédiction ancestrale, la lycanthropie devint une sorte de virus transmis par morsure suite à l’intervention des scénaristes américains, à travers des œuvres telles que Le Loup-Garou de George Waggner. Du coup, plusieurs points communs se tissèrent entre le mythe de l’homme-loup et celui du vampire. Ces deux créatures étaient d’ailleurs réputées pour s’affronter depuis toujours, leur condition d’ennemis naturels étant perpétuée dans des films tels que La Furie des Vampires ou la saga Underworld. La technique évoluant, les séquences de métamorphoses – simples fondus enchaînés au départ – prirent une tournure bien plus spectaculaires grâce aux progrès des effets de maquillages mécanisés, comme en témoignent Hurlements et Le Loup-Garou de Londres qui, à ce jour, demeurent encore les mètres étalons du genre.
© Gilles Penso
FILMS CHRONIQUÉS
1935: Le Monstre de Londres de Stuart Walker
1941: Le Loup-Garou de George Waggner
1943: Frankenstein rencontre le loup-garou de Roy William Neill
1943: Le Loup des Malveneur de Guillaume Radot
1944: La Maison de Frankenstein d’Erle C. Kenton
1944: La Maison de Dracula d’Erle C. Kenton
1948: Deux nigauds contre Frankenstein de Charles T. Barton
1957: I Was a Teenage Werewolf de Gene Fowley Jr
1958: How to Make a Monster d’Herbert L. Strock
1961: Le Monstre aux filles de Paolo Heusch
1961: La Nuit du loup-garou de Terence Fisher
1965: Le Train des épouvantes de Freddie Francis
1968: Les Vampires du docteur Dracula d’Enrique Lopez Eguiluz
1969: Dracula ce vieux cochon de William Edwards
1969: Dracula contre Frankenstein de Tulio Demichelli et Hugo Fregonese
1971: La Furie des vampires de Leon Klimovsky
1972: La Furie du loup-garou de Jose Maria Zabalza
1972: Docteur Jekyll et le loup-garou de Leon Klimovsky
1973: L’Empreinte de Dracula de Carlos Aured
1973: Le Loup-garou de Washington de Milton Moses Ginsberg
1973: Le Mystère de la bête humaine de Paul Annett
1975: Dans les griffes du loup-garou de Miguel Iglesias
1976: La Louve sanguinaire de Rino di Silvestro
1981: Hurlements de Joe Dante
1981: Le Loup-Garou de Londres de John Landis
1981: Wolfen de Michael Wadleigh
1985: Peur Bleue de Daniel Attias
1985: Teen Wolf de Rod Daniel
1985: Hurlement 2 de Philip Mora
1987: Hurlements 3 de Philippe Mora
1987: Monster Squad de Fred Dekker
1988: Vampire, vous avez dit vampire ? II de Tommy Lee Wallace
1988: Waxwork d’Anthony Hickox
1993: Full Eclipse d’Anthony Hickox
1994: Wolf de Mike Nichols
1996: Huntress, l’esprit de la nuit de Mark Manos
1997: L’Antre de Frankenstein de Peter Werner
1997: The Creeps de Charles Band
1998: The Werewolf Reborn ! de Jeff Burr
2000: Ginger Snaps de John Fawcett
2002: Dog Soldiers de Neil Marshall
2003: Underworld de Len Wiseman
2004: Van Helsing de Stephen Sommers
2005: Cursed de Wes Craven
2005: Les Frères Grimm de Terry Gilliam
2005: Underworld Evolution de Len Wiseman
2008: Underworld 3 : le Soulèvement des Lycans de Patrick Tatopoulos
2009: Twilight chapitre 2 : Tentation de Chris Weitz
2010: Wolfman de Joe Johnston
2011: Dylan Dog de Kevin Munroe
2011: Strippers Vs. Werewolves de Jonathan Glendening
2012: Underworld : Nouvelle ère de Mans Marlind et Bjorn Stein
2014: Wolfcop de Lowell Dean
2016: Underworld : Blood Wars d’Anna Foerster
2019: Annabelle : La Maison du mal de Gary Dauberman
2020: Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma
2022: The Munsters de Rob Zombie
2022: Werewolf By Night de Michael Giacchino
2024: Loups-garous de François Uzan