Théma ENFANTS

« Personne ne saura jamais si les enfants sont des monstres ou si les monstres sont des enfants. » (Henry James, “Le Tour d’Ecrou”)

« Nous nous sentons mal à l’aise à l’idée que, de temps en temps, nous apparaissons à nos enfants comme des géants menaçants… ce que nous sommes bel et bien dans la réalité », affirme Bruno Bettleheim dans sa célèbre « Psychanalyse des Contes de Fée ». C’est indéniable. Mais à l’inverse, l’enfant peut facilement révéler des comportements sur lesquels l’adulte n’a pas beaucoup de prises. Ces petits êtres en mutation permanente, chez qui les notions de bien et de mal n’ont pas encore été clairement établies, et dont le cerveau et l’intellect se développent indépendamment de l’influence parentale, sont des individus souvent insaisissables. Cette part d’inconnu fascine les cinéastes, qui aiment parfois bousculer les clichés et transgresser les tabous pour associer l’enfance à la monstruosité. Ce n’est sans doute pas par hasard que les films de fantômes et les histoires d’antéchrist choisissent volontiers des créatures en bas âge pour terrifier leurs spectateurs. D’où l’impact d’œuvres telles que L’Enfant du diable, La Malédiction ou Dark Water

 

Généralement, les scénaristes cherchent des causes surnaturelles ou science-fictionnelles pour justifier les actes immoraux de leurs inquiétants bambins : une origine extra-terrestre (Le Village des damnés), une malformation génétique (Le Monstre est vivantChromosome 3Baby Blood), une possession démoniaque (Les Démons du maïs, Une si gentille petite fille) voire carrément une contamination radioactive (De si gentils petits monstres). Mais parfois, l’enfance maléfique ne traîne aucune explication dans son sillage et n’en est que plus affolante. C’est le cas dans La Mauvaise graine, Benny’s Video ou Joshua, où la diabolique intelligence du monstre en culottes courtes l’emporte largement sur celle de l’adulte et le précipite immanquablement vers le chaos. L’horreur n’est cependant pas le seul traitement possible d’une enfance transfigurée et fatasmagorique, comme le prouvent des œuvres telles que Le Garçon aux cheveux verts, Les Enfants des damnés, Bunny Lake a disparu ou encore Le Tambour.

FILMS CHRONIQUÉS
1948: Le Garçon aux cheveux verts de Joseph Losey

1956: La Mauvaise graine de Melvyn LeRoy
1960: Le Village des Damnés de Wolf Rilla
1961: Les Innocents de Jack Sholder

1963: Les Enfants des Damnés de Anton M. Leader
1963: Les Damnés de Joseph Losey

1965: Bunny Lake a disparu d’Otto Preminger

1971: Le Corrupteur de Michael Winner

1972: L’Autre de Robert Mulligan

1973: L’Exorciste de William Friedkin
1974: Le Monstre est vivant de Larry Cohen

1975: La Montagne ensorcelée de John Hough

1976: Communion sanglante d’Alfred Sole

1976: Demain les mômes de Jean Pourtalé

1976: La Petite fille au bout du chemin de Nicolas Gessner
1976: Les Révoltés de l’An 2000 de Narciso Ibanez Serrador
1977: Eraserhead de David Lynch

1977: Une si gentille petite fille d’Eddy Matalon

1978: Attention, les enfants regardent ! de Serge Leroy

1978: Les Monstres sont toujours vivants de Larry Cohen

1979: Chromosome 3 de David Cronenberg
1980: De si gentils petits monstres de Max Kalmanovicz

1980: Les Yeux du mal de Gabrielle Beaumont

1981: Les Tueurs de l’éclipse d’Ed Hunt
1983: Le Démon dans l’île de Francis Leroi

1984: Les Démons du maïs de Fritz Kiersch

1985: L’Ange du mal de Paul Wendkos

1985: D.A.R.Y.L. de Simon Wincer
1985: Phenomena de Dario Argento

1988: Baby Blood d’Alain Robak

1988: Big de Penny Marshall

1989: Baxter de Jérôme Boivin
1991: Le Sous-sol de la peur de Wes Craven 
1992: Benny’s Video de Michael Haneke

1993: Les Démons du maïs 2 : le sacrifice final de David Price

1995: Les Démons du maïs 3 : Les moissons de la terreur de James D.R. Hickox
1995: Le Village des Damnés de John Carpenter

1996: Les Enfants du maïs 4 : la Moisson de Greg Spence

1998: Les Démons du maïs 5 : La Secte des Damnés de Ethan Wiley

1999: Les Démons du maïs 6 de Kari Skogland

2001: Les Démons du maïs 7 : Révélation de Guy Magar

2003: Mauvais esprit de Patrick Alessandrin

2004: Birth de Jonathan Glazer

2004: 30 ans sinon rien de Gary Winick

2006: Hard Candy de David Slade
2007: Joshua de George Ratliff
2008: Grace de Paul Solet
2008: Unborn de David S. Goyer
2009: The Children de Tom Shankland

2009: Les Démons du maïs de Donald P. Borchers

2009: Esther de Jaume Collet-Serra

2011: Les Enfants de l’horreur – la genèse de Joel Soisson

2012: Sinister de Scott Derrickson

2015: A Christmas Horror Story de Grant Harvey, Steven Hoban et Brett Sullivan

2016: Miss Peregrine et les enfants particuliers de Tim Burton

2016: La Neuvième vie de Louis Drax d’Alexandre Aja

2016: Shelley d’Ali Abbasi

2017: Annabelle 2 : La Création du mal de David F. Sandberg

2018: Children of the Corn: Runaway de John Gulager

2018: Freaks de Zach Lipovsky et Adam B. Stein

2018: Nightmare Cinema de Alejandro Brugués, Joe Dante, Mick Garris, Ryûhei Kitamura, David Slade

2019: Simetierre de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer

2022: Egō d’Hanna Bergholm

2022: Esther 2 : les origines de William Brent Bell

2023: L’Exorciste – Dévotion de David Gordon Green

2024: Blue & compagnie de John Krasinski