La première aventure cinématographique de Superman le confronte à d'étranges hommes-taupe hauts comme trois pommes
SUPERMAN AND THE MOLE MEN
1951 – USA
Réalisé par Lee Sholem
Avec George Reeves, Phyllis Coates, Jeff Corey, Walter Reed, J. Farrell MacDonald, Stanley Andrews, Ray Walker
THEMA SUPER-HEROS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA SUPERMAN I DC COMICS
Créé en 1938 par Joe Shuster et Jerry Spiegel, Superman fut le héros d’une série animée de Max Fleischer dans les années 40 puis de deux serials de quinze épisodes chacun réalisés par Spencer Gordon Bennett et Thomas Car, avec Kirk Alyn dans le rôle-titre : Superman et Atom Man vs. Superman. L’étape suivante fut la réalisation d’un long-métrage, Superman et les nains de l’enfer. L’acteur Kirk Alyn réclamant un salaire trop important, c’est George Reeves qui le remplace, tandis que Phyllis Coates incarne Loïs Lane, tous deux étant de parfaites incarnations en chair et en os du célèbre couple telle que le décrivait la série des frères Fleischer. Lorsque le film commence, Clark Kent et Loïs Lane viennent enquêter sur le puits à pétrole le plus profond du monde, dans la petite ville de Silsby. Or le puits vient d’être fermé, pour une raison qu’ils ignorent. Le soir même, deux nains chauves au crâne disproportionné, aux sourcils broussailleux et au corps velu surgissent du sol, provoquant la crise cardiaque d’un gardien de nuit au cœur apparemment très fragile. Délogés du centre de la terre par le forage, les hommes-taupes découvrent la surface du monde.
D’emblée, les petites créatures (au costume et au maquillage parfaitement improbables, il faut bien l’avouer) nous sont présentées comme naïves et enfantines. Elles s’extasient face à une fleur, s’effraient devant les reptations d’un serpent et s’attirent la sympathie d’une petite fille. La population locale s’apprête déjà à liquider les petits monstres, trop bizarres à leur goût et radioactifs de surcroît, mais Clark Kent tente de les dissuader, prônant leur droit à la différence. C’est mignon tout plein, mais avouons que pour la première aventure de Superman sur grand écran, une telle intrigue manque cruellement d’ampleur. D’autant que la mise en scène de Lee Sholem, entravée par un budget minime, conserve l’académisme des serials. Chaque acteur vient donc se positionner sagement dans des plans larges et fixes, comme sur une scène de théâtre, et le statisme des dialogues prend largement le pas sur l’action.
Le défenseur de l'american way
Au milieu du métrage, Superman, « défenseur de la justice, de la vérité et de l’american way » (dixit la voix off d’introduction), fait enfin son apparition, ses pouvoirs s’exprimant par l’entremise de trucages rudimentaires. Il s’envole grâce à des câbles qui le tirent vers le haut, ou survole la population via une vue aérienne subjective. Quelques animations furtives prennent le relais pour les plans larges, comme dans les serials. Mais les effets spéciaux ne nous proposent pas grand-chose d’autre. Sous-tendu par un appel à la tolérance qui tombe plutôt bien en pleine guerre froide – la battue organisée contre les nains ressemble à s’y méprendre à une chasse aux sorcières – ce sympathique Superman et les nains de l’enfer reste tout de même très anecdotique, et le fier justicier kryptonien désertera le grand écran pour continuer ses exploits à la télévision avec un certain succès, jusqu’à ce que Richard Donner et les frères Salkind ne lui offrent enfin un long-métrage digne de son aura en 1978… soit 27 ans plus tard.
© Gilles Penso
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