STARGATE, LA PORTE DES ETOILES (1994)

Déclarant plus que jamais sa flamme au cinéma de Steven Spielberg, Roland Emmerich signe ici l'un de ses meilleurs films

STARGATE

1994 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec Kurt Russell, James Spader, Viveca Lindfors, Alexis Cruz, Mili Avital, Leon Rippy, Djimon Hounsou, Jaye Davidson

THEMA EXTRA-TERRESTRES

En s’attelant à Stargate, Roland Emmerich s’est mis en tête de livrer au public un spectacle de science-fiction susceptible de raviver les émotions suscitées par les épopées de Steven Spielberg, George Lucas et James Cameron. Le scénario, qui semble s’inspirer d’un concept développé en 1977 par le romancier Frederick Pohl dans « La Grande Porte », commence en 1928. Un groupe d’archéologues découvre en Égypte, sur le site de la grande pyramide de Gizeh, un gigantesque anneau de pierre et d’acier. Durant plusieurs décennies, les scientifiques cherchent l’origine de cette étrange construction et tentent de décrypter les hiéroglyphes qui y sont gravés. En 1994, Daniel Jackson, jeune égyptologue de génie, est réquisitionné par l’armée américaine pour résoudre l’énigme de l’anneau mystérieux. En quelques jours, il trouve le secret de l’immense objet : il s’agit d’une porte des étoiles. Derrière cette porte, projetés à des milliers d’années-lumière, le colonel O’Neil et ses hommes, accompagnés de Jackson, découvrent une étrange planète où Râ, tyran mi-homme mi-dieu, règne sur une population d’esclaves…

Roland Emmerich a toujours flirté avec la science-fiction, mais de manière jusqu’alors très anecdotique, à travers trois séries B dénuées de la moindre finesse : JoeyMoon 44 et Universal Soldier. Rien ne laissait donc présager la réussite de Stargate. Les deux rôles principaux, antithétiques, sont assurés par James Spader (un jeune scientifique surdoué et introverti qui s’inscrit dans la lignée directe des personnages campés par Richard Dreyfuss chez Spielberg) et Kurt Russell (un militaire dépressif et désabusé qui reprend du service à contrecœur). Le prologue situé sur un site archéologique égyptien évoque Les Aventuriers de l’Arche Perdue. La planète désertique qui ressemble à Tatooine et ses mastodontes velus rappellent La Guerre des étoiles. Les gigantesques scènes de figuration ravivent le souffle épique des péplums de la grande époque. Le « trip » que représente le passage de la porte semble rendre hommage à 2001 l’Odyssée de l’espace. Quant à la partition symphonique de David Arnold, elle s’inspire largement des travaux de John Williams.

Les civilisations antiques auraient-elles été visitées par des entités extra-terrestres ?

Étrangement, cette collection de références n’empêche pas Stargate de posséder son propre univers. Le spectacle grandiose (le majestueux vaisseau-pyramide, les guerriers imitant la morphologie des divinités égyptiennes, l’assaut des armadas volantes) se double ici d’une fascinante remise en question des civilisations antiques et des croyances religieuses. Il est difficile de ne pas être transporté par le lyrisme et la majesté du film, servi par des effets spéciaux exceptionnels qui mixent les technologies de pointe (effets numériques, morphings, image de synthèse) aux bons vieux trucages d’antan (maquettes, effets mécaniques). A peine déplore-t-on quelques maladresses embarrassantes qui, hélas, deviendront la marque de fabrique future de Roland Emmerich (notamment le salut militaire échangé par Kurt Russell et tous les esclaves devenus libres). Stargate donnera naissance à deux séries TV à succès : Stargate SGI (1997) et Stargate Atlantis (2004).

 

© Gilles Penso

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