Après avoir créé Toxic Avenger, le super-héros le plus gluant de tous les temps, la compagnie Troma donne naissance à un justicier tout aussi improbable
SGT KABUKIMAN N.Y.P.D.
1990 – USA
Réalisé par Lloyd Kaufman et Michael Herz
Avec Rick Gianasi, Susan Byun, Bill Weeden, Thomas Crnkovich, Larry Robinson, Noble Lee Lester, Brick Bronsky, Pamela Alster
THEMA SUPER-HEROS
Face au succès inespéré de Toxic Avenger, Lloyd Kaufman, le joyeux patron de la Troma, cherchait à créer un nouveau super-héros burlesque apte à compléter le bestiaire improbable de sa compagnie de production. Le projet lui arriva pour ainsi dire sur un plateau alors qu’il tournait Toxic Avenger 2 au Japon. Sur place, Kaufman et son partenaire Michael Herz rencontrèrent les responsables de la firme Namco qui leur proposèrent l’idée d’un justicier inspiré du théâtre kabuki. Sgt Kabukiman N.Y.P.D. était né. Mais le film ne se fit pas sans heurt. Si les vétérans nippons du jeu vidéo rêvaient à une comédie fantastique familiale susceptible de se décliner sur plusieurs plateformes multimédia, Lloyd Kaufman tenait à conserver la ligne éditoriale des productions Troma, autrement dit du gore, du sexe et de l’humour gras. D’où un résultat hybride qui peina quelque peu à trouver sa cible, trop trash pour le grand public et trop soft pour les aficionados de Toxic et Atomic College. Le sympathique Rick Gianasi, sorte de Chevy Chase du pauvre, incarne l’inspecteur de police Harry Griswold, pris au milieu d’une fusillade en plein spectacle kabuki. Alors qu’il rend son dernier souffle, le plus vieux des comédiens lui transmet les pouvoirs sacrés du Kabuki.
Guidé par la belle Lotus (Susan Byun), Griswold va se transformer en Kabukiman, un super-héros parfaitement grotesque qui porte un kimono multicolore, un maquillage outrancier, une coupe de cheveux indescriptible, et déploie des super-pouvoirs de haut niveau. S’il vole comme Superman, Kabukiman peut aussi éviter les balles avec son éventail blindé ou projeter des sushis mortels au visage de ses adversaires. Désormais, il est de taille à s’opposer au maléfique businessman Reginald Stuart (Bill Weeden), maître du crime new-yorkais. Suivant la volonté de Lloyd Kaufman, Sgt Kabukiman N.Y.P.D. cultive l’humour au-dessous de la ceinture (le gag de la fellation sous le bureau) et le recours aux effets gore (l’éventrement en gros plan en début de film). Quant à la mise en scène, elle demeure très approximative. Surjoué, mal filmé, mal éclairé, mal monté et paré d’une abominable bande originale synthétique, le long-métrage frôle dangereusement l’amateurisme.
La métamorphose du grand méchant
Deux séquences valent tout de même le détour. La première est une poursuite automobile burlesque, dans laquelle notre héros a pris malgré lui les allures d’un clown ventripotent, et qui s’achève par le vol plané à 360° d’une voiture qui atterrit en explosant. Très fier de cette séquence, Kaufman la réutilisera dans une demi-douzaine d’autres films Troma. La seconde est la métamorphose du grand méchant, qui se mue en espèce d’invertébré géant visqueux d’où surgit une créature hideuse proche des Démons de Lamberto Bava, et dont chaque main se prolonge par une tête monstrueuse et grimaçante ! Hélas, son affrontement final avec Kabukiman est escamoté en quelques plans avant de céder la place à un happy end bâclé. Extrêmement déçus par le film, les pontes de Namco refusèrent de le distribuer. Sgt Kabukima N.Y.P.D. erra donc pendant plusieurs années au marché du film de Cannes avant de connaître une distribution tardive en 1996.
© Gilles Penso
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