Joe Johnston nous offre un film de super-héros délicieusement rétro inspiré des serials d'antan
THE ROCKETEER
1990 – USA
Réalisé par Joe Johnston
Avec Bill Campbell, Jennifer Connelly, Timothy Dalton, Ed Lauter, Paul Sorvino, Terry O’Quinn, James Handy, Tiny Roy
THEMA SUPER-HEROS
Après un fort sympathique Chérie J’ai rétréci les gosses, Joe Johnston persiste dans le domaine de la comédie fantastique avec Rocketeer qui dégage un délicieux parfum de nostalgie et ravive la flamme des super-héros d’antan. Inspiré de la bande dessinée du même nom créée par Dave Stevens en 1982, elle-même sous influence de quelques serials tels que The Rocket Man, le film se situe en 1938 et met en vedette Cliff Secord (Bill Campbell), un jeune pilote cascadeur. Celui-ci entre par hasard en possession d’une fusée dorsale qui le transforme littéralement en homme volant. Aussitôt, le voilà pris entre les griffes des espions nazis et de la CIA qui veulent absolument lui mettre le grappin dessus.
Le casting du film, judicieux, met en vedette Jennifer Connelly, la splendide héroïne de Phenomena et Labyrinthe, en fiancée du héros, Timothy Dalton, formidable James Bond de la fin des années 80, en acteur fourbe et cabotin à la solde des nazis, et Bill Campbell, jeune premier qui possède toute la fougue et la sympathie nécessaire au rôle-titre, ce qui ne semble guère pourtant avoir joué en sa faveur, car il ne transforma pas vraiment l’essai par la suite (jusqu’à ce que la télévision s’intéresse tardivement à lui, à travers des séries telles que Deuxième chance ou Les 4400). Le film s’amuse à reconstituer quelques apparitions de guest-stars célèbres du Hollywood des années 30, comme Howard Hughes, W.C. Fields, Clark Gable, et même Rondo Hatton, un acteur spécialisé dans les rôles de méchants à cause de la maladie acromégalique qui déformait ses traits, et dont Rick Baker s’est appliqué à reproduire le visage grotesque.
Un homme-fusée en stop-motion
Ancien directeur artistique d’ILM, Joe Johnston a tout naturellement fait appel à ses ex-collègues pour réaliser les effets visuels de son second long-métrage. L’idée initiale était d’utiliser autant que possible un cascadeur costumé pour les scènes de voltige, et de ne recourir à une figurine animée image par image que pour quelques plans larges très furtifs. Mais les temps de préparation interminables des séquences avec le cascadeur et les plans tests très efficaces réalisés en animation par le talentueux Tom Saint Amand réussirent à convaincre la production d’employer les figurines de manière intensive. « J’ai récupéré des photographies de très bonne qualité de l’acteur Bill Campbell en costume, prises sur le plateau », raconte St Amand. « Je m’en suis servi de guide pour la fabrication des deux figurines d’animation de 45 cm de haut que nous avons utilisées dans le film. L’équipe de tournage pouvait ainsi mettre en place un plan avec la première figurine pendant que j’en animais un autre avec la seconde. En moyenne, chaque plan du Rocketeer nous demandait environ une demi-journée d’animation. » (1) Certes, les incrustations sur fond bleu ne sont pas toujours irréprochables (d’indésirables liserés gâchent ainsi certains plans), mais la mise en scène alerte de Johnston et les excellents effets d’animation de St Amand contribuent à conférer aux poursuites aériennes un extraordinaire dynamisme. Spectaculaire comme il se doit, le climax réserve un sort explosif à un gigantesque ballon dirigeable et à Timothy Dalton lui-même, s’écrasant avec panache sur l’enseigne des collines d’Hollywood.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 1999.
© Gilles Penso
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