Une parodie de super-héros doublée d'une comédie musicale avec Christopher Lee dans le rôle du super-vilain
THE RETURN OF CAPTAIN INVINCIBLE
1983 – AUSTRALIE
Réalisé par Philip Mora
Avec Alan Arkin, Christopher Lee, Kate Fitzpatrick, Bill Hunter, Michael Pate, David Argue, John Bluthal, Chelsea Brown
THEMA SUPER-HEROS
Sombré dans l’oubli le plus complet, The Return of Captain Invincible est pourtant une parodie audacieuse de l’univers des super-héros, portée à bout de bras par le cinéaste australien Philippe Mora. Le film s’amorce sous forme d’un pastiche désopilant de vieux films d’actualité. Dans les années 30, l’héroïque Captain Invincible Alan Arkin) lutte contre les gangsters en pleine ambiance de Prohibition. Pendant la deuxième guerre mondiale, nous le retrouvons aux prises avec les nazis. Dans les années 50, il n’a toujours pas pris une ride et devient désormais l’idole des boy scouts. Mais l’atmosphère change peu à peu et le voilà accusé de communisme. Sur le banc des accusés, il est en proie aux pires accusations. On trouve la couleur rouge de sa cape suspecte, tout comme son titre de capitaine, alors qu’il n’a pas servi sous le drapeau. On lui reproche aussi de porter des sous-vêtements en public ! Il se retire alors au fin fond de l’Australie et sombre dans l’alcool. Pendant ce temps, le sinistre Mister Midnight règne sur la pègre. Et c’est l’immense Christopher Lee, toujours fringuant et séduisant même après avoir passé le cap de la soixantaine, qui incarne ce sinistre vilain. Midnight menace le monde avec un redoutable rayon hypnotique qui rend les gens hilares. Captain Invincible va donc devoir reprendre du service, ce qui ne semble pas gagné d’avance…
Non content de reprendre sous un jour comique les codes du film de super-héros, The Return of Captain Invincible est une comédie musicale, ponctuée de dix chansons aux styles variés (gospel, country, soul, pop), ce qui ravit Christopher Lee au plus au point. Ténor à la voix profonde, le Dracula de la Hammer a rarement eu l’occasion de démontrer ses talents vocaux au cinéma. A ce titre, le film de Philip Mora représente pour lui une aubaine, les auteurs Hartley et O’Brien (qui écrivirent les chansons du « Rocky Horror Show ») composant spécialement à son attention un numéro musical grandiloquent. Secondé par un nain déguisé en petit chaperon rouge, une espèce d’homme-chèvre aux oreilles pointues, des animaux qui s’entre-dévorent et un bataillon de filles sexy, Midnight est un vilain pour le moins atypique.
Un Superman d'opérette
Mais Captain Invincible lui-même n’a rien du héros traditionnel. Ses origines, racontées en flash-back, valent leur pesant d’or : ses parents ont en effet été irradiés par le rayon magnétique d’une soucoupe volante pendant qu’ils le concevaient ! Vêtu comme un Superman d’opérette, avec un collant brillant et une cape retenue par des épaulettes en forme de serres de rapaces, il doit réapprendre à voler en se suspendant devant un écran de projection. Ce gag étrange procède de la mise en abyme pure, puisque le procédé technique utilisé pour faire voler le super-héros dans le film (la rétro-projection, donc), est mis en scène comme ressort comique. D’autres morceaux de bravoure improbables ponctuent The Return of Captain Invincible, comme une attaque d’aspirateurs filmée comme la scène des serpents des Aventuriers de l’Arche Perdue, un fax de la police qui émet les mêmes bruits que le jeu Pac Man ou les frasques du président des Etats-Unis incarné par le volubile Michael Pate. Voilà donc une curiosité très recommandable.
© Gilles Penso
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