Le film dont rêvait Steven Spielberg, et que le succès des Dents de la mer lui permit de concrétiser
CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND
1977 – USA
Réalisé par Steven Spielberg
Avec Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Gar, Melinda Dillon, Bob Balaban, Cary Guffey, Lance Henriksen
THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA STEVEN SPIELBERG
« Depuis que je suis enfant, j’ai toujours voulu faire un film sur les OVNIS, qui constituaient pour moi l’un des éléments les plus fascinants de la mythologie contemporaine, et c’est ce qui a donné naissance à Rencontres du troisième type » raconte Steven Spielberg. « Avant Les Dents de la mer, personne ne s’intéressait au projet. » (1) Fan de SF depuis toujours, le cinéaste prend avec Rencontres du troisième type le contre-pied des invasions extraterrestres agressives qui pullulaient sur les écrans depuis le début des années 50, à l’exception de quelques perles rares comme Le Jour où la terre s’arrêta. Plusieurs faits étranges introduisent le récit. Des avions disparus depuis la dernière guerre sont retrouvés en parfait état de marche dans le désert mexicain. En ville, des pannes d’électricité surviennent soudain. Des chercheurs, dirigés par Claude Lacombe (François Truffaut), en déduisent une future rencontre extra-terrestre. L’électricien Roy Neary (Richard Dreyfuss), Jillian Guiler (Melinda Dillon) et son fils Barry (Cary Guffey) ont reçu intuitivement un message des visiteurs. Bientôt, Barry disparaît dans un flot de lumières et Roy quitte travail et famille pour se rendre sur le lieu de la rencontre…
Rarement film aura autant titillé l’imaginaire fébrile de l’enfant subsistant en chaque spectateur. Avec une sublime naïveté, Spielberg offre à son public en pleine béatitude les plus belles images d’OVNI jamais filmées, des images que nous rêvions de voir « avant même notre naissance » d’après Ray Bradbury en personne ! A travers l’adulte encore immature interprété par Richard Dreyfuss, le spectateur trouve un parfait terrain d’identification et de projection. Quasi surréaliste en pleine science-fiction, la présence de François Truffaut (un linguiste qui ne sait pas parler l’anglais !) apporte une touche insolite supplémentaire du meilleur cru. « J’ai choisi François Truffaut parce que je l’avais vu jouer dans L’Enfant sauvage », explique Spielberg. « J’étais venu à Paris pour faire un casting d’acteurs français, j’ai vu entre 20 et 25 comédiens, mais le rôle avait été écrit en pensant à lui. Je n’aurais jamais imaginé qu’il accepte. Truffaut et moi avons travaillé plusieurs mois ensemble sur le film, et nous avons appris à nous connaître. Un jour, il m’a dit : “tu devrais travailler avec des enfants, parce que tu es un enfant toi-même.“ Je n’ai jamais oublié ce conseil. » (2) Quelques années plus tard, Spielberg suivra ce conseil en réalisant E.T. l’extra-terrestre.
Symboles et faux-semblants
Avec ce vaisseau spatial “déguisé” en voiture, ces hélicoptères pris pour des OVNIS, ces cinq notes de musique lancinantes d’origine inconnue, cette forme montagneuse indéterminée, Spielberg joue avec les symboles et les faux-semblants. Le surréalisme est aussi de la partie, sous la forme d’un navire échoué dans le désert de Gobi, ou d’un vaisseau mère gigantesque qui, bien qu’il soit plus gros qu’une montagne, réussit à se cacher derrière elle. Deux plans qui figurent parmi les plus beaux trucages de l’histoire du cinéma. Rencontres du troisième type est enfin une parabole de la lumière divine apparue derrière la Mont Sinaï, un extrait des Dix Commandements aperçu sur un écran de TV officialisant le parallèle. Douglas Trumbull (2001 l’odyssée de l’espace, Star Trek le film) a réalisé pour ce film quelques-uns des effets spéciaux les plus beaux de sa carrière, et John Williams a composé à l’occasion la plus étrange et la plus envoûtante de ses partitions. Même Carlo Rambaldi, d’ordinaire si peu inspiré (le King Kong de l’année précédente), a réalisé ici un extra-terrestre de toute beauté, nimbé de lumières surexposées. Rencontres du troisième type est donc le film ultime sur les OVNIS, l’œuvre de référence. Abyss, Independence Day, les X-Files et bien d’autres lui doivent presque tout. On note que le film existe dans trois versions distinctes : le montage original tel qu’il fut distribué en 1977, l’”édition spéciale” que Steven Spielberg ressortit en 1980, et une ultime édition spécifiquement concoctée pour la sortie en DVD, qui contient les meilleurs passages des deux versions précédentes et qu’on sera donc tenté de préférer.
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2012.
© Gilles Penso
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