Plus de 20 ans après le classique d'Alfred Hitchcock, Richard Franklin dirige Anthony Perkins dans une séquelle de très haute tenue
Sacrilège ! Tel est sans doute le premier mot qui vint à l’esprit des amateurs de Psychose lorsqu’ils apprirent la mise en chantier d’une séquelle du chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock quelque vingt ans plus tard. Probablement motivé par le succès des slashers post-La Nuit des masques et Vendredi 13, ce Psychose II fut pourtant conçu sans la moindre faute de goût. Confié aux bons soins du scénariste Tom Holland (futur réalisateur de Vampires vous avez dit vampire ? et Jeu d’enfant) et du réalisateur australien Richard Franklin (grand admirateur d’Hitchcock ayant signé Patrick et Déviation mortelle), le film se situe vingt-deux ans après les événements du premier Psychose. Interné pendant deux décennies, Norman Bates (Anthony Perkins, toujours), a été reconnu sain d’esprit. Il revient donc dans la maison de son enfance et reprend la direction de son motel, malgré le combat de Lila Loomis (Vera Miles, fidèle au poste elle aussi) dont la sœur Marion fut assassinée par Norman (ce que nous rappelle le pré-générique en noir et blanc, reprenant l’inoubliable séquence du meurtre sous la douche tourné en 1960). Grâce à Madame Spool, Norman travaille comme aide-cuisinier dans un snack. C’est là qu’il se lie avec Mary (Meg Tily), une des serveuses. Après le renvoi de Warren Toomey (Dennis Franz), le nouveau gérant de son motel qui avait tendance à transformer l’établissement en hôtel de passe, Norman reçoit des notes écrites de sa mère l’intimant de ne plus recevoir Mary chez lui. Tandis que sa raison semble à nouveau sur le point de défaillir, une nouvelle série de meurtres se met à ensanglanter les lieux.
S’il mise sur la continuité en rendant un hommage visiblement très respectueux au premier Psychose, Richard Franklin ne cède pas pour autant au plagiat. Certes, certaines séquences sont quasiment des remakes de celles du film original (la discussion autour d’un sandwich, la douche, la montée de l’escalier), plusieurs cadrages et enchaînements de plans ressemblent à s’y tromper au découpage pourtant si particulier d’Hitchcock, et même les éclairages et les couleurs semblent délibérément imiter ceux des films technicolor du metteur en scène de La Mort aux trousses. Mais à vrai dire, cet « air de ressemblance » n’est souvent qu’un leurre, car l’intrigue diablement complexe s’appuie sur les bases du premier film pour mieux les détourner. Et si tout le monde – spectateurs et protagonistes – s’attend à revivre les mêmes événements que jadis dans le sinistre motel Bates, rien ne se passe finalement comme prévu.
Faux semblants
L’énigme labyrinthique du scénario évoque les écrits de Boileau et Narcejac et la mise en scène de Franklin rappelle plusieurs effets de style de Brian de Palma. L’hommage à Hitchcock fonctionne donc moins frontalement que par ricochets, via ses inspirateurs et imitateurs. Jerry Goldsmith lui-même échappe ouvertement à l’influence de Bernard Herrmann en composant une partition plus douce, proche de son travail sur Poltergeist. On y sent la présence des fantômes du passé et aussi une certaine mélancolie naïve liée à l’enfance. Quant à Anthony Perkins, il emporte une nouvelle fois l’adhésion grâce à un charme et un talent toujours aussi vivaces.
© Gilles Penso
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