Après avoir vu progressivement la franchise Alien partir dans tous les sens, Ridley Scott décide de revenir aux sources du film original
PROMETHEUS
2012 – USA
Réalisé par Ridley Scott
Avec Noomi Rapace, Charlize Theron, Michael Fassbender, Logan Marshall-Green, Idris Elba, Patrick Wilson, Guy Pearce, Rafe Spall
THEMA EXTRA-TERRESTRES I FUTUR I ROBOTS I SAGA ALIEN
Un projet comme Prometheus est forcément l’objet de fantasmes intenses auprès de la communauté cinéphile. Ridley Scott revenant aux origines d’Alien, il y avait en effet de quoi s’émoustiller. Mais au risque de déconcerter les amateurs de l’extra-terrestre à la mâchoire extensible, le cinéaste a très tôt annoncé que Prometheus ne serait pas exactement une préquelle d’Alien. Plutôt qu’un épisode zéro, le film s’appréhende en effet comme une variante autour d’un univers commun, Scott marchant sur les traces d’une autre œuvre séminale : 2001 l’Odyssée de l’Espace. Les références au space opéra de Stanley Kubrick sont multiples, qu’il s’agisse de séquences spécifiques (les évolutions d’un astronaute dans les coursives d’un vaisseau où ses compagnons sont encore en hibernation) ou du moteur même du scénario (l’entité extra-terrestre ayant présidé à la création de notre propre espèce). Même s’il conserve les ingrédients principaux du cocktail d’Alien, autrement dit un mixage des codes du film de science-fiction avec ceux du film d’horreur, Prometheus place ses ambitions ailleurs, arpentant ouvertement la voie métaphysique. Dès les premières somptueuses images du film, soutenues par une partition aérienne d’un Marc Streitenfeld qui s’érige en digne héritier de Jerry Goldsmith, Ridley Scott nous fait prendre de la hauteur et sollicite un plein éveil de nos sens.
L’intrigue démarre en 2089, alors qu’un couple de chercheurs ajoute une pièce ultime à un fascinant puzzle archéologique. Par-delà les siècles et les civilisations, un motif récurrent ne cesse de les intriguer : la représentation d’un géant humanoïde tourné vers ce qui semble être une carte stellaire. Forts de cette découverte, ils parviennent à convaincre la compagnie Weyland de monter une expédition spatiale. Après deux ans d’hibernation, l’équipage débarque sur la planète LV-223, portant les stigmates d’une ancienne civilisation. L’exaltation des scientifiques, le pragmatisme de leurs compagnons de voyage, l’étrange candeur du robot David (qui semble presque être la version adulte du David d’A.I.) et la froideur autoritaire des dirigeants sont tellement tangibles qu’on en oublierait presque le contexte science-fictionnel. L’exploration d’un bâtiment à l’abandon, vestige d’une ancienne race d’« ingénieurs », nous offre son lot de curiosité, de surprises et de frissons
La quête de nos origines
Prometheus s’efforce dès lors de concilier deux cahiers des charges : les ambitions premières de Scott qui nous questionnent sur la place de l’homme dans l’univers et sur les mystères de sa création (d’où l’allusion au mythe de Prométhée), et les nécessités de la franchise Alien qui imposent un certain nombre de raccords un peu forcés avec le classique de 1979. Bien plus intéressé par la quête de nos origines que par la genèse du monstre qui le rendit célèbre, Ridley Scott expédie les séquences horrifiques à base de créatures tentaculaires (efficaces mais sans foncière nouveauté) et comble à la va-vite certains trous scénaristiques pour mieux s’ouvrir aux mystères de l’univers. Malgré les quelques frustrations engendrées par ce traitement hybride, la nouvelle saga qui s’annonce laisse rêveur…
© Gilles Penso
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