Arnold Schwarzenegger réendosse la panoplie de Commando pour aller se frotter contre un extra-terrestre belliqueux
PREDATOR
1987 – USA
Réalisé par John McTiernan
Avec Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers, Elpidoa Carrilo, Bill Duke, Jesse Ventura, Kevin Peter Hall, Sonny Landham
THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA PREDATOR
La genèse de Predator est assez surprenante. L’idée du film serait née d’une blague absurde : un combat au sommet entre Rocky et E.T. ! Lorsque le concept d’un acteur musclé affrontant un alien fut pris un peu plus au sérieux, on envisagea une créature difforme, affublée d’un long cou, d’un faciès canin et d’un œil unique, tandis que le projet porta un temps le titre de « Hunter ». Le film ne prit sa forme définitive qu’avec l’arrivée du réalisateur John McTiernan, des scénaristes Jim et John Thomas, et du concepteur de la créature Stan Winston. Dans un rôle taillé sur mesure, Arnold Schwarzenegger incarne ici le major Dutch Schaeffer, un homme d’action, un soldat d’élite qui a combattu sous toutes les latitudes, à la tête d’un commando spécialisé dans les missions à hauts risques. Lorsque Predator commence, Dutch et ses hommes sont envoyés en Amérique latine pour sauver trois hommes, otages de la guerilla. Largués dans la jungle, ils exécutent leur mission, mais bientôt ils sentent rôder autour d’eux un ennemi inattendu, une créature invisible, féroce, silencieuse, d’une agilité et d’une puissance terrifiantes, qui entreprend de les détruire un à un. Venu d’une planète lointaine, ce prédateur a en effet choisi la Terre comme terrain de chasse et le commando comme gibier…
Etant donné qu’Arnold Schwarzenegger joue ici un rôle très similaire à celui qu’il tenait dans Commando, l’auto-dérision en moins, et comme en outre la première partie du film présente de fortes similitudes avec les Rambo qui triomphaient alors sur les écrans, Predator part d’emblée avec un sérieux handicap : celui du film d’actions guerrières musclé et stéréotypé à outrance. Mais ce serait oublier que le brillant John McTiernan, un an à peine avant son prodigieux Piège de cristal, se trouve derrière la caméra. Ici, l’affrontement entre l’homme et la bête prend une tournure incroyablement iconique, le salut de l’être humain semblant paradoxalement reposer sur sa capacité à évacuer son humanité pour redevenir une sorte de bête aux instincts primaires, et surtout pour faire de la forêt son allié – alors que la jungle était jusqu’alors représentée à ses yeux comme un obstacle. L’efficacité de la mise en scène repose souvent sur sa stylisation, notamment lorsque McTiernan joue sur les reports de mise au point, emploie des éclairages très graphiques, ou utilise les arrières-plans comme supports de suspense, un peu à la manière de John Carpenter dans La Nuit des masques.
« Aiguise-moi ça ! »
Les capacités de mimétisme du prédateur nous sont décrites par d’extraordinaires effets visuels signés Boss Film, et la créature elle-même est une grande réussite, malgré des attitudes et des postures souvent humanoïdes. Son faciès de crustacé et son armure tribale la transformeront illico en icône du cinéma de SF. C’est l’athlétique Kevin Peter Hall qui endosse le costume animatronique de l’extra-terrestre, après des essais non concluants effectués avec un jeune acteur belge nommé… Jean-Claude Van Damme ! S’il ne peut s’empêcher de glisser dans la bouche de Schwarzenegger quelques répliques gag pour le moins déplacées (la plus improbable étant sans doute « Aiguise-moi ça » adressé à un ennemi dans le ventre duquel il vient de planter un couteau !), le film évite tous les pièges de la caricature et ne se laisse pas tenter par la conventionnelle love story qu’on sentait pourtant poindre à l’horizon.
© Gilles Penso
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