Un film étrange et inclassable qui mêle l'horreur et la science-fiction dans une atmosphère onirique troublante
PHANTASM
1979 – USA
Réalisé par Don Coscarelli
Avec Michael Baldwin, Bill Thornbury, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Kathy Lester, Terrie Kalbus, Ken Jones, Lynn Eastman
THEMA MORT I SAGA PHANTASM
C’est à peine âgé de 21 ans que Don Coscarelli réalisa ses deux premiers films, Kenny and Company et Jim The World’s Greatest. Deux ans plus tard, il s’attaquait à un film d’horreur atypique, Phantasm , dont il signa à la fois la mise en scène, le scénario, la production, la photographie et le montage. Insolite, chaotique et déroutant, Phantasm aurait été inspiré à Coscarelli par un cauchemar, ce qui explique probablement sa narration peu orthodoxe. Cela dit, le premier montage ayant atteint les trois heures de métrage, finalement ramenées à 90 minutes, il n’est pas impossible qu’une part de la cohérence du film ait été évacuée au moment de son raccourcissement.
Mais bizarrement, c’est sans doute ce manque de cohésion et de logique qui fait la force, l’originalité et le charme de Phantasm. Au cours du prologue, Tommy Pearson est poignardé par une jeune femme avec qui il s’ébattait en pleine nuit au milieu d’un cimetière. Lors de son enterrement, ses deux autres frères, Jody et Michael, sont témoins de choses étranges : des chuchotements dans le mausolée, des silhouettes encapuchonnées qui se cachent furtivement derrière les pierres tombales, un immense croque-mort qui porte le cercueil comme si c’était une plume… Obsédé par des rêves étranges et la sensation d’être suivi par des créatures effrayantes, le jeune Michael entre par effraction dans le mausolée pour en avoir le cœur net. Là, au cours de la scène la plus incroyable du film, une boule d’argent se met à voler dans les couloirs avant de se planter dans le front d’un homme et de lui perforer le cerveau en expulsant des litres de sang !
Sphère tueuse, nains maléfiques et croque-mort géant
Pris en chasse par le croque-mort géant, sobrement surnommé « Tall Man », Michael lui tranche la main avec un couteau. Du sang jaune en jaillit, les doigts bougent encore, et le jeune homme en récupère un pour le montrer à son frère aîné Jody. « Je ne comprends rien à tout ça » s’exclame ce dernier. A vrai dire il n’est pas le seul, d’autant qu’ensuite le doigt se transforme en mouche géante et les attaque ! Phantasm collecte ainsi les séquences surréalistes, jusqu’à ce que le fin mot de l’histoire ne nous soit enfin asséné : le croque-mort géant appartient à une autre dimension, et il transforme les cadavres en nains afin d’avoir des esclaves adaptés à la pesanteur qui règne dans son univers ! Le concept est absurde, et prêterait volontiers à rire si Coscarelli ne le traitait pas ouvertement sous l’angle onirique, faisant du même coup passer comme une lettre à la poste de telles énormités. D’autant que la chute nous laisse imaginer que tout ce que nous avons vu est effectivement né d’un rêve agité de Michael. La musique, la mise en scène et l’agencement du scénario de Phantasm évoquent beaucoup les films d’horreur italiens. Les atmosphères chères à Lucio Fulci viennent ainsi souvent à l’esprit, et le film aurait d’ailleurs tout aussi bien pu s’appeler La Maison près du cimetière. Wes Craven lui-même s’inspirera de plusieurs éléments de Phantasm pour Les Griffes de la nuit, notamment la négation de la peur comme échappatoire aux assauts du monstre et le gimmick final. Le succès inattendu de ce petit film d’horreur donnera naissance à plusieurs séquelles, toutes orchestrées par Coscarelli.
© Gilles Penso
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