Un cinquième épisode qui joue prudemment la carte de la routine et marque l'infléchissement inexorable de la franchise
PARANORMAL ACTIVITY : THE MARKED ONES
2014 – USA
Réalisé par Christopher Landon
Avec Molly Ephraïm, Andrew Jacobs, Crystal Santos, Richard Cabral, Chloe Csengery
THEMA DIABLE ET DEMONS I SAGA PARANORMAL ACTIVITY
Comme chaque année depuis 2009, la franchise Paranormal Activity se voit gratifiée d’un nouvel épisode destiné à remplir les poches de son petit malin de créateur, Oren Peli. On ne va pas lui en tenir rigueur, le bougre exploite son concept jusqu’à la corde et ne fait que répondre à la demande d’un public qui répond toujours présent. Il aurait tort de se priver. Si la franchise est d’une rentabilité à toute épreuve (les films ne coûtent pas grand-chose à la fabrication et ont déjà rapporté près d’un milliard de dollars), artistiquement on frôle le néant absolu. Mais il semblerait que les spectateurs commencent à renifler l’arnaque car le quatrième épisode marque un net recul en termes de recettes. Le but de ce nouvel épisode est donc de remonter la tendance, de faire le plein de pépettes et donc d’en mettre plein les yeux. Bon, évidemment tout cela est raté et le film ne fait que décrédibiliser encore plus le reste de la série via un scénario totalement illogique qui va jusqu’à défier les lois de continuum espace-temps en piétinant la « logique » chronologique interne de la saga.
En effet, le héros de ce cinquième film, le jeune Jesse, adolescent lambda, est âgé de 18 ans. Une photographie nous montre clairement que le bougre est né en 1994. On en déduit donc, grâce à un simple calcul, que l’action se situe en 2012. Jusque-là rien de bien compliqué. Mais dans une tentative désespérée de se raccrocher au reste de la saga, les scénaristes ont inclus dans leur film un passage se déroulant pendant le premier film. Les héros de ce cinquième épisode croisent donc le désormais fameux couple Katie et Micah lors d’une scène se déroulant durant le premier épisode qui, je le rappelle se déroule lui en 2006. De 2012 en début de métrage, on se retrouve donc plongés en pleine année 2006. Comment expliquer ce miracle ? Sorcellerie ? Satanerie ? Voyage dans le temps ? Quelques vagues pistes sont bien lancées çà et là mais sans aucune conviction. Chaque épisode nous réserve son lot d’objets du quotidien hantés. Après la piscine, le ventilateur, le Kinect de Microsoft dans l’épisode 4, c’est ici un « Simon », le jeu musical et lumineux de notre enfance qui est possédé par on ne sait toujours pas qui ni quoi. Un « Simon » qui annonce à Jesse qu’il va passer un sale quart d’heure sans que personne n’y trouve quoi que ce soit à redire. D’ailleurs le film lorgne honteusement sur le film Chronicle puisque Jesse est soudainement capable d’accomplir des choses surhumaines comme envoyer valdinguer deux malfrats, léviter et tout faire péter lorsqu’il se met en colère. On ne parlera pas de plagiat mais l’idée est là. Mais au moins le film envoie quelques jolis effets spéciaux, c’est toujours ça de pris.
Le vide narratif absolu
Toutefois ce cinquième film est plutôt plaisant, du moins dans sa première partie car le duo de bras cassés au cœur de l’intrigue s’avère finalement assez attachant, notamment Hector qui tient la camera et amène une bonne dose d’humour au film… pour une demi-heure du moins. Pour le reste rien à signaler, on est toujours face au vide narratif et esthétique comblé vaille que vaille à coup de jump scares, d’une bande-son tonitruante et d’écrans noirs. Dès qu’il se passe quelque chose on ne voit plus rien, ce qui est bien pratique… On sent clairement que le réalisateur est plus emmerdé par son concept qu’autre chose et on en vient à se demander pourquoi ces gens filment le moindre de leurs faits et gestes. Dans le premier film, ce procédé était justifié mais ce n’est vraiment plus le cas ici. Paranormal Activity The Marked Ones se lance dans l’occultisme, le satanisme et la sorcellerie sans vraie raison si ce n’est tenter vaguement d’expliquer le pourquoi du comment de l’intrigue. Il se réfère aux films antérieurs via quelques grossiers clins d’œil sans jamais éclaircir quoi que ce soit. Après cinq films censés s’entremêler, on n’en sait toujours pas plus sur la nature de l’entité, de la chose, ou de la personne qui venait chatouiller les pieds de Katie dans le premier film. On ressort encore plus embrouillé qu’avant et on n’a même plus le courage d’essayer de reconstituer un puzzle dont la majorité des pièces sont manquantes. Paranormal Activity The Marked Ones n’est qu’un volet de plus dans le grand n’importe quoi que représente cette saga. Au suivant.
© Seb Lecocq
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