L'humoriste Robert Townsend se met lui-même en scène sous le costume d'un super-héros parodique
METEOR MAN
1993 – USA
Réalisé par Robert Townsend
Avec Robert Townsend, Marla Gibbs, Eddie Griffin, Robert Guillaume, Bill Cosby, James Earl Jones, Roy Fegan
THEMA SUPER-HEROS
Meteor Man nous ramène quelques années en arrière, à l’époque où le cinéma de blaxploitation détournait les grands classiques du cinéma de genre en donnant la vedette à des comédiens noirs. Après Blacula, Blackenstein et Abby la Malédiction Noire, voici donc une version afro-américaine de Superman ! Robert Townsend, à la fois scénariste, réalisateur et acteur principal de cette œuvre atypique, était surtout connu jusqu’alors comme comédien de stand-up et réalisateur d’un documentaire sur Eddie Murphy. Ici, il incarne Jefferson Reed, un enseignant pleutre et timide dont le quartier est régulièrement mis à mal par un gang tentaculaire, les Golden Lords. Un soir, une météorite tombe du ciel et le frappe en pleine poitrine. Dès lors, le voilà doté de toute une série de super-pouvoirs hérités de Superman (vol, force surhumaine, yeux laser, vue aux rayons X, super-souffle), mais aussi d’aptitudes plus étranges comme la télékinésie, la capacité de discuter avec les chiens ou l’enregistrement du contenu complet d’un livre par simple contact. Jefferson ne sait trop comment gérer un tel changement. Sa famille et tous les gens de son quartier le mettent alors face à ses responsabilités : il doit devenir un super-héros et mettre en déroute le gang qui sévit dans les rues.
Meteor Man est avant tout une parodie, qui imite le générique de Superman dès ses premières images puis collecte une série de gags plutôt réussis (la mère de Jefferson qui jubile à l’idée de lui fabriquer un costume de super-héros, le combat final qui se mue en démonstration de kung-fu puis en défilé de mannequins). Mais le film délivre également un véritable message communautaire, un appel à la solidarité souvent naïf mais manifestement sincère. Ici, l’acte qui transforme un homme ordinaire en justicier costumé n’est pas individuel mais porté par un groupe. C’est la communauté qui crée le super-héros, lui invente un nom, un costume, des gadgets et une mission. Les réticences initiales de Jefferson importent peu car, comme Stan Lee nous l’a si bien fait comprendre, « un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités ». Le discours que Townsend tient sur l’embrigadement des enfants par les gangs, le racket et la nécessité de se serrer les coudes n’est ici jamais empreint de cynisme.
A mi-chemin entre le premier et le second degré
Du coup, Meteor Man est un objet filmique un peu insaisissable, à mi-chemin entre le premier et le second degré. L’humour de Townsend fait mouche, les scènes de suspense fonctionnent (notamment lorsque le meilleur ami de Jefferson se fait passer pour Meteor Man afin d’attirer les jolies filles sans savoir que le gang s’est juré d’avoir sa peau), les effets spéciaux d’ILM mixent avec bonheur les techniques à l’ancienne et les trucages numériques, le message que véhicule le scénario touche la corde sensible… Mais l’agencement de toutes ces envies et toutes ces idées n’est pas toujours heureux, comme si le cinéaste avait cherché à faire plusieurs films en un seul sans trouver la tonalité idéale. En l’état, Meteor Man reste un spectacle très agréable, au détour duquel on retrouve Bill Cosby en SDF malicieux et James Earl Jones, à contre-courant de ses personnages austères, en amateur de perruques et de vieux standards du jazz.
© Gilles Penso
Partagez cet article