Après un second opus qui forçait artificiellement le trait, ce troisième opus relève agréablement le niveau
MEN IN BLACK 3
2012 – USA
Réalisé par Barry Sonnenfeld
Avec Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin, Jermaine Clement, Michael Stuhlbarg, Emma Thompson, Bill Hader
THEMA EXTRA-TERRESTRES I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA MEN IN BLACK
Men in Black 3 ne s’annonçait pas forcément sous les meilleurs auspices. Séquelle tardive d’un deuxième volet médiocre, ce troisième opus s’attardait sur les starting-blocks depuis 2009, faute d’un scénario satisfaisant. Lorsque le tournage s’amorça enfin, le script n’était toujours pas achevé, d’où une interruption en cours de prises de vues pour pouvoir réécrire les séquences finales. Barry Sonnenfeld lui-même commençait à exprimer quelques doutes sérieux sur la viabilité du film. Pourtant, malgré sa genèse chaotique, Men in Black 3 est une réussite prodigieuse qui tient presque du miracle. Car s’il continue à cultiver ce qui fit le succès de ses prédécesseurs – humour déjanté, mécanique rodée du buddy movie, science-fiction exubérante, galerie de créatures improbables – ce troisième épisode ose nous emmener plus loin, creusant en profondeur les traumas de ses protagonistes, sollicitant des émotions inattendues là où l’on n’attendait que du rire, et jouant en virtuose avec les complexités narratives suscitées par un vertigineux voyage dans le temps. De là à dire que Men in Black 3 est le meilleur opus de la trilogie, il n’y a qu’un pas que nous franchissons allégrement. Tout commence dans une prison de haute sécurité installée sur la Lune. Boris le Boglodite, redoutable créature incarnée par Jermaine Clement, parvient à s’évader et à regagner la Terre avec pour objectif la mort de l’agent K, qui le mit sous les écrous à la fin des années 60, et l’asservissement de notre planète.
Pour parvenir à ses fins, il utilise une machine à explorer le temps et change le cours de l’histoire. Face aux conséquences catastrophiques des actes de Boris, l’agent J n’a qu’une seule solution : faire à son tour le grand saut et se retrouver propulsé en 1969 pour tenter de remettre les choses en ordre. Si Will Smith et Tommy Lee Jones entretiennent avec une joie communicative leurs archétypes respectifs (le cool bavard et le grincheux taciturne), un troisième comédien leur vole allègrement la vedette par le biais d’une prestation irrésistible. Il s’agit de Josh Brolin, qui fut le George Bush d’Oliver Stone et incarne ici un agent K rajeuni. Via une imitation hilarante de Tommy Lee Jones, un jeu de mimétisme étonnant et un petit coup de main cosmétique, l’illusion est parfaite.
Retour vers le passé… pour sauver le futur
Le saut dans le temps est servi par des effets visuels impressionnants signés Ken Ralston (déjà à l’œuvre sur la trilogie Retour vers le futur), truffé de gags dignes de Tex Avery, et générateur de nombreux chocs : sociaux (les relations entre Blancs et Noirs dans l’Amérique des sixties), culturels (l’intervention d’un Andy Warhol qui cache bien son jeu) ou technologiques (la miniaturisation n’était pas encore d’actualité). Les extra-terrestres eux-mêmes jouent la carte du « vintage », le génial maquilleur Rick Baker s’inspirant de quelques classiques de l’âge d’or de la SF pour leur donner corps. Mais ce sont les paradoxes temporels générés par le scénario qui fascinent le plus, multipliant les enjeux dramatiques, suscitant des moments de suspense intenses et acheminant le récit vers un twist hallucinant qui nous tirerait presque des larmes. Voilà donc une franchise moribonde qui renaît soudain de ses cendres avec un panache qu’on n’osait plus espérer.
© Gilles Penso
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