MAGIC (1978)

Anthony Hopkins incarne un ventriloque dont la personnalité fusionne peu à peu avec celle de sa marionnette

MAGIC

1978 – USA

Réalisé par Richard Attenborough

Avec Anthony Hopkins, Ann Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J. André, Jerry Houser, David Ogden Stiers, Lilian Randolph

THEMA JOUETS

Pour son quatrième long-métrage, Richard Attenborough décide d’adapter le best-seller « Magic » de William Goldman, sous l’égide du producteur Joseph E. Levine (les trois hommes collaborèrent un an plus tôt sur Un pont trop loin). Anthony Hopkins y incarne Corky, un magicien se produisant sans grand succès dans un quartier minable de la ville. Lorsque l’idée lui vient d’adjoindre à son numéro une marionnette nommée Fats, il fait un tabac et commence à intéresser plusieurs chaînes de télévision locales. NBC lui fait même une offre très alléchante, mais Corky la refuse pour une raison à priori triviale : il ne veut pas se soumettre à une visite médicale, petite formalité nécessitée par la chaîne. Alors que son impresario Ben Greene (Burgess Meredith) s’interroge sur ses véritables motivations, Corky décide de se réfugier avec sa marionnette dans la petite ville où il a grandi. Là, il retrouve son amour de jeunesse Peggy (Ann Margret)… Dès les prémisses, on sent bien qu’il y a un problème dans la tête de Corky. La schizophrénie y est latente, comme le prouvent ses dialogues permanents avec Fats qui dépassent rapidement les répétitions de sketches ou les simples distractions. Aux yeux du ventriloque, la marionnette est un personnage autonome. Les thématiques d’Au cœur de la nuit ne sont pas loin.

Conçue comme une caricature d’Anthony Hopkins, une sorte de frère jumeau aux traits grotesques, la marionnette est une indéniable réussite. Souvent, l’homme et son pantin portent les mêmes habits, et le metteur en scène s’amuse à cadrer leurs deux visages symétriquement, chaque fois que l’occasion se présente, comme si Fats agissait sur Corky à la manière d’un miroir déformant. La musique de Jerry Goldsmith, quant à elle, enveloppe certaines séquences en jouant la carte du contrepoint, notamment lorsque les violons se déchaînent pendant la scène d’amour entre Corky et Peggy, tandis qu’une inquiétante mélodie à l’harmonica vient interrompre la partition sur les gros plans de Fats montés en parallèle. Lorsque Ben, s’inquiétant de la santé mentale de son poulain, vient le rejoindre à la campagne, Corky bascule et commet son premier meurtre, se servant de Fats comme instrument de mort (il frappe l’impressario avec la marionnette), comme pour mieux dissocier ses deux personnalités : Fats est donc l’assassin et Corky l’innocent.

Qui manipule qui ?

Puis débarque Duke (Ed Lauter), le mari de Peggy, qui soupçonne une relation entre eux. S’ensuit une excellente séquence de suspense dans une barque en pleine partie de pêche. Le sang ne tarde pas à couler de nouveau. Un moment, on jurerait presque que Fats agit seul, un couteau à la main, la bouche entrouverte, les yeux qui roulent. Mais c’est évidemment Corky qui le manipule. La mise en scène nous a berné, nous permettant furtivement d’entrer dans l’esprit dérangé du marionnettiste. A moins que la thèse surnaturelle ne nous semble plus supportable que celle de la psychopathie.  « Tu ne peux pas t’imaginer comme les gens ont envie de croire à la magie », déclarera d’ailleurs Fats à Peggy. Grâce à son petit succès, Magic servira de tremplin à Richard Attenborough pour la mise en chantier de son chef d’œuvre Gandhi.

 

© Gilles Penso

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