Après l'anticipation réaliste et brute du premier opus, George Miller opte pour un univers post-apocalyptique et impitoyable proche du western spaghetti
MAD MAX 2 / THE ROAD WARRIOR
1981 – AUSTRALIE
Réalisé par Réalisateur
Avec Mel Gibson, Bruce Spence, Vernon Wells, Mike Preston, Max Phipps, Kjell Nilsson, Emil Minty, Virginia Hey, William Zappa
THEMA FUTUR
Une œuvre aussi puissante que Mad Max ne pouvait pas décemment demeurer sans suite. George Miller s’y attela donc aussitôt, bénéficiant d’un budget dix fois supérieur à celui de son premier opus. Pour éviter de se répéter, le cinéaste australien poursuit les aventures de son anti-héros dans un univers différent. Car si Max erre toujours sur les routes à bord de son Interceptor, le monde a entre-temps succombé à une troisième guerre mondiale ne laissant derrière elle qu’un immense désert, des survivants retournés à la sauvagerie et des réserves d’énergie réduites à leur plus simple expression. Le pétrole y est devenu une denrée rare, et les hommes mués en bêtes sont désormais prêts à s’entretuer pour le moindre baril d’essence (en 1981, le choc pétrolier des années 70 était encore très vivace dans les esprits). Cet état des lieux nous est expliqué par une voix off vieillissante sur un montage en noir et blanc mêlant des images d’archives du passé et des extraits du premier Mad Max. Lorsque l’écran s’élargit au format scope, que le moteur du V8 vrombit sur toutes les enceintes stéréo et que Max apparaît derrière son volant, l’action démarre et ne cessera plus pendant une heure et demie.
Les enjeux et la direction artistique ayant changé, cette séquelle peut s’apprécier de manière autonome. C’est la raison pour laquelle les distributeurs américains ont effacé la filiation avec le film précédent (pas encore très connu à l’époque), rebaptisant celui-ci The Road Warrior. Après sa rencontre avec un pilote d’ULM excentrique, Max découvre une communauté pacifique protégeant du mieux qu’elle peut sa citerne pleine d’essence. Mais Humungus, un colosse tyrannique dissimulant son visage sous un casque de gladiateur et régnant sur une horde de barbares, ne l’entend pas de cette oreille. Il les menace d’extermination, à moins qu’ils ne s’enfuient en laissant derrière eux tous leurs biens. Pappagallo (Mike Preston), le chef de la communauté, demande l’aide de Max, mais celui-ci n’a rien d’un philanthrope et préfère continuer son parcours en solo. « Qu’est-ce que tu cherches ? » s’entend-il répondre. « Tout le monde cherche quelque chose. Tu es heureux comme ça ? En errant ? Chaque jour effaçant le précédent ? Tu es un charognard, Max, un asticot. Tu te nourris des restes de l’ancien monde ! »
Un déchaînement de cascades hallucinantes
Les propos font mouche, mais il faut attendre que Max se retrouve à moitié mort après la destruction de son Interceptor pour qu’il accepte de les accompagner. Au volant du camion-citerne, il fonce donc à travers le désert, et la course-poursuite qui suit, un déchaînement de cascades hallucinantes, d’explosions, de morts violentes, de vitesse et de fureur, est entrée depuis dans l’histoire du cinéma. Cette fois-ci, la partition de Brian May se laisse volontiers influencer par « Mars », le morceau le plus martial de « La Symphonie des Planètes » de Gustav Holst. Car Mad Max 2 dépasse le cadre du western pour s’affirmer comme un film de guerre. Désormais, Attila et ses Huns sont affublés de looks punks fétichistes et leurs montures se sont muées en véhicules tout-terrains. Cette vision saisissante de ce que pourrait être un futur post-apocalyptique fera bien des émules.
© Gilles Penso
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