Un film futuriste produit par Luc Besson qui puise la majorité de ses idées scénaristiques dans New York 1997
LOCK OUT
2011 – FRANCE / IRLANDE
Réalisé par James Mather et Stephen St Leger
Avec Guy Pearce, Maggie Grace, Vincent Regan, Peter Stormare, Joseph Gilgun, Tim Plester
THEMA FUTUR
« D’après une idée originale de Luc Besson », placarde le générique. Vraiment « originale » ? Douteux car, dans ce script-là, on peut tour à tour identifier des éléments empruntés à New York 1997 et Los Angeles 2013 (le principe de l’infiltration en milieu hostile et l’identité du colis à livrer), Fortress (le cadre carcéral spatial), et même au plus obscur Wedlock (les colliers explosifs)… Quant au jeu de miroir qui disculpe le héros, il présente aussi des airs de déjà-vu. Alors, non, Lock Out n’a rien, mais vraiment rien, d’original, n’en déplaise à son influent producteur et co-scénariste. Point de départ de Lock Out : inculpé du meurtre du meurtre d’un Colonel de ses amis, l’agent Snow de C.I.A. (Guy Pearce qui se la joue à la Kurt Russell/Snake Plissken) n’a pas d’autre choix que d’accepter une mission à haut risque en cette année 2073. Il infiltre le pénitencier spatial MS One où, à demi congelés, les 500 délinquants les plus dangereux de la Terre purgent de très longues peines. Profitant de la visite humanitaire d’Emilie Warnock (Maggie Grace, l’optimiste Shannon Rutherford de Lost), un détenu fausse compagnie à ses geôliers et délivre les autres prisonniers, dont son frère qui prend immédiatement les rênes de la mutinerie. Naturellement, il tente de négocier avec les autorités. Pour cela, il possède un moyen de pression : des otages, dont surtout la fille du Président des Etats-Unis, Emilie Warnock justement. À Snow de l’arracher à ce guêpier…
Vraiment, rien que des ingrédients recyclés dans ce script que les deux réalisateurs, les Irlandais James Mather et Stephen Saint Leger, comparent à Piège de cristal et à African Queen (pour le côté querelleur du couple vedette) plutôt qu’à New York 1997 et sa suite, Los Angeles 2013. Cela change-t-il quelque chose ? Négatif, tant le tandem fait ce que Luc Besson lui demande : de l’action science-fiction à gros traits, du cinéma bourrin que rythment les plaisanteries régulièrement balancées par le héros. Aucune patte personnelle dans cet exercice qui relève du contrat à remplir, du cahier des charges à respecter à la lettre. Si James Mather et Stephen Saint Leger montrent avec plusieurs courts-métrages qu’ils en veulent, qu’ils en ont dans le ventre et qu’ils possèdent les capacités à un long-métrage, ils déçoivent à rentrer immédiatement dans le rang, à se plier à tous les compromis commerciaux dictés par leur producteur.
Déjà vu
Encore faut-il leur reconnaître une certaine efficacité sur le plan technique, cependant altérée par des effets spéciaux numériques parfois franchement fauchés, telle cette poursuite moto/hélico effrayante d’amateurisme et si mal fichue qu’elle ressemble davantage à une maquette grossière qu’à une séquence achevée. Les personnages sont à l’avenant : grossiers eux aussi, les méchants si chargés de tares qu’ils en deviennent risibles, grotesques, porteurs d’une violence puérile. Les dialogues et répliques supposées drôles aggravent encore leur cas, détruisant au passage les quelques îlots de crédibilité et d’intensité dramatique que le spectacle aurait pu préserver. En clair, hormis une entrée en matière assez amusante, Lock Out donne constamment l’impression d’avoir été sabordé par ses propres auteurs, conscients de s’être rabaissés à bien basse besogne. Encore auraient-ils pû s’en tirer avec les honneurs s’ils avaient bénéficié d’une certaine autonomie. Vraiment pas le cas, comme le prouvent les grosses vannes pas drôles envoyées par le héros à la moindre occasion. L’une des marques de fabrique du divertissement selon Luc Besson.
© Marc Toullec
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