Cette première transposition à gros budget des aventures du célèbre quatuor de Marvel souffre d'un scénario trop évasif pour convaincre
FANTASTIC FOUR
2005 – USA
Réalisé par Tim Story
Avec Ioan Gruffudd, Jessica Alba, Chris Evans, Michael Chiklis, Julian McMahon, Hamish Linklater, Kerry Washington
THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL
Voici l’adaptation à gros budget du célèbre comic book qui condamna aux oubliettes le Fantastic Four produit par Roger Corman. Comme on pouvait s’y attendre, la Fox a mis le paquet, nous offrant des effets spéciaux époustouflants et des séquences d’action d’anthologie. Mais derrière le spectacle numérico-pyrotechnique, force est de constater que cette version n’a pas beaucoup plus d’ambition scénaristique que la précédente, lui empruntant même un certain nombre d’idées. Le destin du docteur Victor Von Fatalis et des quatre futurs super-héros sont donc liés d’emblée, tous étant irradiés par des rayons cosmiques dans une station en orbite autour de la Terre. De retour sur Terre, Reed Richards se mue en homme élastique, Suzanne Storm en femme invisible, Johnny Storm en torche humaine et Ben Grimm en golem de pierre. Quant à Fatalis, financier de l’expédition, il connaît une mutation plus insidieuse. Sa peau intègre peu à peu des composantes métalliques et électroniques (version soft de Tetsuo) et il semble peu à peu capable de contrôler l’électricité. Sa raison vacillant et sa mégalomanie s’accroissant, ses compagnons d’infortune vont devoir se liguer contre lui, formant désormais un inséparable quatuor aux belles combinaisons bleu électrique.
L’intrigue prend donc une tournure des plus classiques, ne s’embarrassant guère de profondeur ni de finesse. En ce sens, nous sommes à des années-lumière d’un Spider-Man, le film étant visiblement ici destiné à un public peu regardant en matière de construction psychologique et dramatique. Cette approche exclusivement récréative était assumée dès les slogans sur les posters présentant les personnages principaux (du genre « il peut sauter à l’élastique sans élastique ! » ou encore « il fait fuir les méchants… et les filles ! »). Johnny Storm et Ben Grimm sortent tout de même du lot, par la grâce de leurs interprètes respectifs (Chris Evans, sorte de jeune Tom Cruise mixant habilement l’arrogance et la sympathie, et Michael Chiklis, héros bourru de la série The Shield), par les problématiques qu’ils véhiculent (une quête absolue d’indépendance qui passe par l’inconscience et l’absence de responsabilité pour l’un, la volonté de se soustraire au regard des autres malgré un besoin de reconnaissance pour l’autre), et par la grande réussite des effets spéciaux qui visualisent leurs pouvoirs.
Un Fatalis monolithique
Reed et Suzan sont bien en deçà, malgré une histoire d’amour frustré induite dans leur passé commun. Mais le grand perdant, en matière de caractérisation, reste le docteur Fatalis, et ce malgré le charisme de son interprète Julian McMahon (chirurgien séducteur de la série Nip/Tuck). Taillé d’un seul bloc, évacuant tout dilemme et toute dualité, il est traité par-dessus la jambe. Ses origines n’ont pas grand-chose à voir avec la BD originale, ses pouvoirs restent mal définis, sa panoplie semble sortir de nulle part, et ses motivations s’avèrent des plus basiques. Et si l’on est sensible à l’adage d’Alfred Hitchcock associant la réussite d’un film à celle de son méchant, on conviendra que ces Quatre Fantastiques loupent un peu le coche, malgré un casting de choix et quelques séquences fort impressionnantes.
© Gilles Penso
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