Le deuxième volet des aventures du héros de Pitch Black prend une dimension épique et spectaculaire
THE CHRONICLES OF RIDDICK
2004 – USA
Réalisé par David Twohy
Avec Vin Diesel, Colm Feore, Karl Urban, Thandie Newton, Alexa Davalos, Keith David, Judi Dench
THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES I FUTUR I SAGA RIDDICK
Co-écrit avec Jim et Ken Wheat d’après leur histoire originale, le Pitch Black de David Twohy a bénéficié d’un bouche-à-oreille encourageant, lié à ses indéniables qualités intrinsèques mais aussi à la présence de Vin Diesel (devenu superstar entretemps). Une aubaine sur laquelle le cinéaste et son acteur vont rebondir, persuadant Universal d’allouer, quatre ans plus tard, un budget confortable en vue d’une suite plus ambitieuse écrite et supervisée par Twohy uniquement. Ce sera Les Chroniques de Riddick ! Le titre annonce la couleur : si l’opus précédent était un survival doté d’une galerie homogène de portraits, la seule figure de Riddick portera désormais la franchise et lui donnera même son nom. Le criminel fugitif se trouve maintenant aux prises avec ni plus ni moins que l’armée la plus importante et meurtrière de l’univers : le peuple Necromonger dont la seule raison d’être est de détruire les mondes qui se trouvent sur son passage et d’en convertir les autochtones. Dans une course effrénée qui le fera notamment passer par la case prison sur la planète Crematoria (superbe séquence de course contre le soleil – clin d’œil savoureux à Pitch Black), Riddick se révélera être le seul obstacle susceptible de stopper la marche dévastatrice des Necromongers… ou pas !
Twohy et Diesel (très impliqué en amont dans les aventures de son personnage) voient les choses en grand : ils conçoivent un véritable space opera et inventent pour l’occasion la mythologie de Furya, planète d’origine de Riddick dont il serait l’unique survivant, afin de consolider l’aura légendaire du héros. Choisissant d’assumer totalement la dimension de grand spectacle hollywoodien, mais sans renier pour autant le style graphique et brutal du premier film, ces deux préoccupations inspirent à Twohy un mélange fascinant entre Star Wars et Conan le barbare, qui tend à rejoindre les méthodes formelles de Lucas pour la création de son univers (on voyage de décor en décor, chacun possédant ses propriétés naturelles donc esthétiques) et va jusqu’à calquer son final sur ceux de John Milius (Conan mais aussi Apocalypse Now). Quoi qu’on en pense, ces Chroniques restent un objet unique dans l’histoire du cinéma de science-fiction, débordant d’images iconiques, de bruit, de fureur, et plein d’une inventivité visuelle roborative – au même titre que le Dune tant décrié et néanmoins singulier de David Lynch.
Une saga stoppée en plein vol
Malheureusement, l’accueil critique et public n’est pas au rendez-vous et le projet d’une flamboyante saga spatiale se trouve étouffé dans l’œuf, alors que les derniers plans laissaient présager des péripéties incroyables à venir ! Un moyen-métrage d’animation (Les Chroniques de Riddick : Dark Fury) fut néanmoins produit dans la foulée, ainsi que deux jeux vidéo de grande qualité qui suscitèrent nettement plus l’adhésion… La ténacité ne faisant toutefois pas défaut au tandem Twohy/Diesel, c’est en revoyant leurs aspirations à la baisse qu’ils parviennent, neuf ans plus tard, à proposer un nouvel opus moins coûteux, permettant à Riddick de continuer à vivre sur les écrans. Les fans de blockbusters en seront peut-être pour leurs frais, mais les puristes de la première heure apprécieront sans doute de retrouver l’antihéros rude et solitaire de Pitch Black, naguère édulcoré par les contraintes d’une production plus ample. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les deux bonhommes sont attachés à leur créature, et tiennent plus que jamais à contenter ses fans !
© Morgan Iadakan
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