Le réalisateur de The Gate met en scène un tueur psychopathe et défiguré accompagné d'un monstre mi-homme mi-chacal
I, MADMAN / HARDCOVER
1989 – USA
Réalisé par Tibor Takacs
Avec Jenny Wright, Clayton Rohner, Randall William Cook, Stephanie Hodge, Michelle Jordan, Steven Nemel
THEMA TUEURS
Après son remarquable travail sur The Gate, le superviseur des effets visuels Randy Cook monta son propre studio, et le réalisateur Tibor Takacs pensa logiquement à lui pour diriger les effets de son long métrage suivant, Lectures diaboliques. Le personnage central, Malcolm Brand, est un scientifique dérangé qui a donné naissance à un monstre en mélangeant son propre sperme avec l’ovule d’un chacal. Ça commence donc assez fort ! Amoureux totalement fou d’une femme qui refuse ses avances, il est prêt à se mutiler le visage, à se couper les oreilles, à se scalper, à s’arracher le nez et les lèvres et à les remplacer par ceux de ses futures victimes. Brand écrit ses méfaits dans un roman de gare que dévore littéralement la jolie Virginia. A tel point qu’elle se retrouve un beau jour confrontée au héros de son livre favori, lequel s’apprête à lui arracher le cœur puisque le sien a été brisé.
Pour faire des économies tout en permettant à Randy Cook d’être raisonnablement rémunéré pour son travail, Tibor Takacs lui confia non seulement la réalisation des effets visuels mais aussi le rôle de Malcolm Brand. « Avant que nous ne commencions le film, avant même que le scénario ne soit terminé, Tibor m’a demandé si je préférais jouer le héros ou le méchant », raconte Randy Cook, qui rêvait pendant ses jeunes années à une carrière d’acteur. « J’ai choisi le méchant, ce qui n’était probablement pas le meilleur choix conscient pour une évolution de carrière. Jouer le flic – en d’autres termes le personnage principal – aurait pu m’ouvrir la porte vers d’autres rôles. Cela dit c’était très amusant. J’ai fabriqué et appliqué tous ces affreux maquillages, et j’ai utilisé une voix qui sonnait comme celle d’un croisement entre Orson Welles et un broyeur d’ordures ! » (1) C’est aussi l’occasion, pour Cook, de rendre hommage à Lon Chaney, l’une de ses idoles. Contrairement à ce qui a souvent été dit à l’époque, ce croque-mitaine est moins le pendant littéraire de Freddy Krueger que le fruit d’une idée originale qui aurait mérité de se développer au sein d’un scénario plus rigoureux, au lieu de servir de prétexte à une intrigue un peu évasive empruntant tous ses artifices aux slashers traditionnels.
Une créature hybride et contre-nature
A vrai dire, les éléments les plus marquants de ce film sont les mêmes que ceux de The Gate. Les meilleurs passages sont ainsi liés à quelques ambiances insolites (comme ce piano dont un accordeur tire d’étranges sons en pleine nuit) et aux apparitions très surprenantes de la créature hybride et contre-nature de l’écrivain psychopathe, animée image par image avec le dynamisme et l’énergie qui caractérisent le travail d’orfèvre de Randy Cook. Ce monstre rachitique, dont le hideux faciès simiesque n’est pas sans évoquer celui des démons de The Gate, joue un rôle majeur dans la séquence finale du film. Celle-ci, située dans une bibliothèque entièrement reconstituée pour l’occasion, fut filmée en un tournage marathon de quinze heures dans des conditions très difficiles. Lectures diaboliques marque de toute évidence un pas en avant indiscutable par rapport aux maladresses de The Gate, même si le Grand Prix du Festival d’Avoriaz 1990 semble une récompense pour le moins disproportionnée.
© Gilles Penso
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