L’ATTAQUE DES CRABES GEANTS (1957)

Roger Corman ose tout, y compris mettre en scène des crustacés géants et télépathes qui attaquent l'humanité !

ATTACK OF THE CRAB MONSTERS

1957 – USA

Réalisé par Roger Corman

Avec Richard Garland, Pamela Duncan, Russel Johnson, Mel Welles, Beech Dickerson, Leslie Bradley, Jonathan Haze

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

Hyperactif en cette belle année 1957, Roger Corman réalisa pas moins de dix films en douze mois, dont cet étonnant Attack of the Crab Monsters qui demeure l’une de ses séries B de science-fiction les plus fameuses. « Ce film de 70 000 dollars en a rapporté plus de 1 million », affirme fièrement Corman (1). Se laissant probablement guider par la vogue des invertébrés géants amorcée par Des Monstres attaquent la villeTarantula et consorts, le producteur/réalisateur et son scénariste Charles B. Griffiths prennent pour héros un groupe de scientifiques explorant une île du Pacifique pour y étudier les retombées des essais atomiques, et découvrir ce qui est arrivé à l’expédition précédente, qui n’a plus donné signe de vie. A peine débarquent-ils que le réalisateur nous octroie une séquence choc assez gratinée pour l’époque. Un marin y tombe d’une barque et s’enfonce sous l’eau. Lorsque ses collègues le repêchent, il n’a plus de tête ! Plus tard, nous aurons droit à un autre effet presque gore, lorsqu’un des membres du groupe se fait arracher la main par un éboulement. Bientôt, l’expédition découvre que toute vie animale semble avoir disparu sur l’île, à l’exception de quelques crabes de terre qui errent sur la plage. Mais l’effet des radiations atomiques s’est avéré bien plus spectaculaire que le bouleversement de l’écosystème. 

En effet, nos héros se retrouvent bientôt en présence de crabes gros comme des camions et particulièrement vindicatifs, qui dévorent un à un les membres de l’équipe. Doués de télépathie, les crustacés mutants communiquent dès lors avec les humains en empruntant la voix de leurs victimes. Ce phénomène pour le moins excentrique est vaguement expliqué par un scientifique avançant la théorie que les crabes ont dévoré le cerveau des hommes, assimilant dès lors leurs cellules et leur intelligence. L’argument ne tient pas, même pour le spectateur le moins exigeant, mais cette idée scénaristique accroît le potentiel d’épouvante du film, et permet aux monstres de dépasser leur rôle basique de machines à détruire et à engloutir. Par le biais de la bande son, Corman parvient à créer des moments d’angoisse efficace, les monstres restant invisibles dans un premier temps mais cliquetant d’une manière insolite et stressante. Puis ce sont des pinces géantes qui apparaissent, fracassant les murs en carton-pâte et capturant les victimes hurlantes. 

De vrais moments d'angoisse

Lorsque les crabes apparaissent enfin en entier, il faut avouer qu’ils sont plutôt réussis, leur morphologie, leur texture et leurs déplacements fonctionnant assez bien, malgré de gros yeux un peu grotesques et les jambes humaines des manipulateurs que les plus attentifs peuvent apercevoir furtivement. Conçus grandeur nature par Beach Dickerson et Ed Nelson, les crustacés géants (en fait un seul exemplaire jouant le rôle de l’ensemble des créatures) interagissent du coup avec les comédiens avec un certain degré d’efficacité. « Ce crabe mesurait environ quatre mètres et était maintenu par des câbles », raconte Roger Corman. « Ed Nelson, qui a joué plus tard dans la série télévisée Peyton Place, a fait ses premiers pas d’acteurs à l’intérieur du crabe. Il a également joué un officier de marine dans le film. Il manœuvrait le monstre depuis l’intérieur pendant que Chuck Hanawalt, mon chef machiniste, ainsi que les autres membres de l’équipe le soutenaient avec des perches. » (2) Dommage que la solution pour éliminer les monstres s’avère si simple, et que le film s’achève aussi brutalement, sans le moindre épilogue digne de ce nom. Lors de sa sortie, L’Attaque des crabes géants fut présenté en double programme avec Not of this Earth, un autre petit bijou de science-fiction signé Corman. 

 

(1) et (2) Extrait de la biographie “Comment j’ai fait 100 films sans jamais perdre un centime” par Roger Corman et Jim Jerome, publiée en 1990

 

© Gilles Penso

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