LA SOUPE AUX CHOUX (1981)

En fin de carrière, Louis de Funès se livre à une rencontre du troisième type improbable aux côtés de Jean Carmet et Jacques Villeret

LA SOUPE AUX CHOUX

1981 – FRANCE

Réalisé par Jean Girault

Avec Louis de Funès, Jean Carmet, Jacques Villeret, Christine Dejoux, Claude Gensac

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Pour son avant-dernier film, Louis de Funès troque son habituel costume de bourgeois acariâtre et tyrannique contre la défroque d’un fermier imbibé d’alcool à l’occasion de cette adaptation du roman « La Soupe aux Choux » de René Fallet. Retrouvant là son réalisateur fétiche Jean Girault, la star sur le déclin co-écrit (officiellement) et co-dirige (officieusement) un long-métrage équitablement considéré comme un classique hilarant ou un nanar désarmant par une communauté cinéphilique pour le moins divisée. Il faut dire que l’argument de départ a de quoi laisser perplexe. Dans le petit hameau des Gourdiflots ne subsistent plus que deux paysans sérieusement portés sur la bouteille, Francis Chairasse dit le Bombé (Jean Carmet), et Claude Ratinier alias le Glaude (Louis de Funès). Un soir, ils s’adonnent à l’un de leurs sports favoris, autrement dit le concours de pets ! La scène est devenue mythique, mais voir De Funès se complaire dans une trivialité qu’il évitait jusqu’alors comme la peste dut surprendre plus d’un spectateur à l’époque. Ce déferlement ininterrompu de flatulences provoque un violent orage, suivi de l’atterrissage d’une soucoupe volante phosphorescente presque aussi cheap que celle du Gendarme et les extraterrestres, ce qui n’est pas peu dire.

De cet improbable vaisseau spatial surgit l’extra-terrestre le plus saugrenu de l’histoire du cinéma, autrement dit un Jacques Villeret à la bouille ahurie qui émet des bruits de dindons pour communiquer et engonce sa corpulente silhouette dans un costume sublimement grotesque. Face à cette rencontre du troisième type impromptue, De Funès lâche une réplique entrée dans la légende : « si on peut plus péter sous les étoiles sans amener un Martien, il va nous arriver des pleines brouettes ! » Surnommant son visiteur « La Denrée », il lui fait découvrir sa spécialité culinaire : la fameuse soupe aux choux. L’extra-terrestre l’apprécie tellement qu’il en ramène un bidon entier jusque sur Oxo, sa planète natale. Là-bas, toute une commission d’enquête se met en place, car cette soupe éveille des émotions imprévues chez les habitants d’Oxo, lesquels avaient jusqu’alors l’habitude de les refouler. 

« Si on peut plus péter sous les étoiles sans amener un Martien, il va nous en arriver des pleines brouettes ! »

Pour remercier le Glaude, la Denrée lui fait un cadeau qui va s’avérer empoisonné : il ressuscite Francine, son épouse décédée dix ans plus tôt. Mais cette Francine-là n’a que vingt ans, et si son arrivée bouleverse un peu le quotidien des habitants des Gourdiflots, elle ne rend pas vraiment passionnant un scénario poussif qui tourne un peu en rond et ne fait rire qu’épisodiquement. Interprète habituelle de la femme de De Funès (dans la série des Gendarme, Oscar, Hibernatus, Jo, Les Grandes vacances), Claude Gensac joue ici le petit rôle d’une paysanne imprégnée de vin qui s’efforce de décrire à la police l’apparition de la soucoupe volante au-dessus de son champ. Peu clémente lors de la sortie de La Soupe aux choux sur les écrans, la presse de l’époque mit notamment l’accent sur le jeu grimaçant de Louis de Funès et la réalisation sans finesse de Jean Girault. Le film fut plus tard réévalué lors de ses multiples diffusions télévisées et se mua finalement en petit objet de culte.

 

© Gilles Penso

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