Une adaptation très ambitieuse du cycle de Mars écrit par Edgar Rice Burroughs, qui ne trouva pas son public et resta donc sans suite
JOHN CARTER ON MARS
2012 – USA
Réalisé par Andrew Stanton
Avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Samantha Morton, Willem Dafoe, Dominic West, Mark Strong, Thomas Haden Church, Ciaran Hinds
THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES
Les univers fantastiques d’Edgar Rice Burroughs sont d’une richesse exemplaire dépassant largement la prolifique littérature qu’il consacra à Tarzan pour s’étendre sur maints territoires inexplorés. Le cycle de Pellucidar fut généreusement porté à l’écran par Kevin Connor au milieu des années 70 (Le Sixième continent, Centre terre : 7ème continent), mais celui de Mars était encore vierge d’une grande adaptation cinématographique. C’est chose faite avec John Carter, inspiré par « La Princesse de Mars » que Burroughs écrivit en 1912. Andrew Stanton, transfuge des studios Pixar pour lesquels il réalisa 1001 Pattes, Le Monde de Némo et Wall-E, s’attaque ici à son premier long-métrage live et nous offre une gigantesque épopée baignée d’un délicieux parfum de nostalgie, comme si les Buck Rogers et Flash Gordon d’antan s’offraient les moyens techniques des superproductions d’aujourd’hui. Le film oppose deux univers qui, à priori, ne peuvent guère cohabiter : un far west concret et réaliste, au cours duquel le hors la loi John Carter fuit les autorités lancées à ses trousses ; et une planète Mars de space opéra, baptisée Barsoom par ses habitants, secouée par une guerre intestine et peuplée de civilisations bariolées.
Ce sont les Héliumites (qui ressemblent aux humains et portent des tatouages écarlates justifiant leur surnom d’ « hommes rouges »), les Zodangiens (ou « hommes blancs ») qui s’opposent à eux, les Therns aux pouvoirs immenses et aux intentions énigmatiques, et les Tharks qui se rassemblent en peuplades primitives et se distinguent par une anatomie singulière (un corps vert filiforme de deux mètre cinquante de haut, quatre bras et une bouche ornée de défenses). Par leur représentation visuelle et les drames qui s’y nouent, les cités de Barsoom sont ici très proches des tragédies gréco-romaines. La présence de Ciaran Hinds, ex-Jules César de la serie Rome, dans le rôle de l’empereur Tardos Mors, renforce ce sentiment. Tout comme les tenues d’inspiration antique qui se portent à la cour, ainsi que les bâtiments en ruine jonchant les panoramas désertiques de la planète.
Un péplum intergalactique
Et dans ce « péplum intergalactique », John Carter agit quasiment comme un Maciste ou un Hercule, autrement dit un redresseur de torts neutre doté d’une force exceptionnelle (grâce à la différence de gravité entre la Terre et Mars) qui déambule volontiers torse nu pour renverser les régimes dictatoriaux et rétablir sur le trône la belle princesse déchue. Gorgé d’effets visuels magnifiques, John Carter se pare d’un bestiaire particulièrement imaginatif : les Tharks, bien sûr, mais aussi un gros chien à la gueule démesurée qui court à la vitesse de l’éclair, des montures pachydermiques juchées sur huit pattes massives, et deux titanesques simiens albinos qui surgissent dans un combat d’arène époustouflant à côté duquel celui de L’Attaque des clones fait bien pâle figure. Dans la foulée d’Avatar, John Carter marque donc le retour d’une science-fiction à l’ancienne et, malgré un accueil tiède au box-office, s’amorce comme le starting block d’une nouvelle saga. Le film est dédié à Steve Jobs, « une inspiration pour nous tous », comme l’affirme le générique de fin.
© Gilles Penso
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