Un quatrième épisode tardif qui peine à retrouver la magie de ses prédécesseurs malgré de nouvelles trouvailles et une bonne humeur communicative
INDIANA JONES AND THE KINGDOM OF THE CRYSTAL SKULL
2008 – USA
Réalisé par Steven Spielberg
Avec Harrison Ford, Karen Allen, Shia La Beouf, Cate Blanchett, Ray Winstone, John Hurt, Jim Broadbent, Andrew Divoff
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I EXTRA-TERRESTRES I INSECTES ET INVERTEBRES I SAGA INDIANA JONES I STEVEN SPIELBERG
Lorsqu’Harrison Ford, Sean Connery, Denholm Elliott et John Rhys-Davies s’éloignèrent à dos de cheval à la fin d’Indiana Jones et la dernière croisade, comme dans la dernière case d’un album de Lucky Luke, la saga semblait bel et bien terminée. Mais les héros des années 80 ont la peau dure. Après les retours successifs de Rocky Balboa, John McLane et John Rambo, pourquoi un Indiana Jones sexagénaire n’aurait-il pas droit lui aussi à son come-back ? Repoussant sans cesse ce projet annoncé dès 1995, George Lucas, Steven Spielberg et Harrison Ford ont enfin pu accorder leurs agendas et surtout s’appuyer sur un scénario propre à les satisfaire, œuvre de David Koepp (Jurassic Park, Spider-Man, La Guerre des mondes). L’action de ce quatrième épisode se situe au début des années 50, et après un nouveau jeu visuel sur le logo de la montagne Paramount, Spielberg nous ramène dans un lieu mythique : le colossal entrepôt du gouvernement américain où était stockée l’Arche d’Alliance à la fin des Aventuriers de l’Arche Perdue. Là, de vilains Soviétiques aussi caricaturaux que l’étaient les nazis des films précédents, menés d’une poigne de fer par l’officier Irina Spalko (Cate Blanchett), obligent Indiana Jones et son ami George McHalle (Ray Winstone) à retrouver un mystérieux artefact : une caisse contenant un objet hautement magnétique, ramené de Roswell en 1947, dans laquelle gît un corps momifié qui n’a visiblement rien d’humain…
Sans la moindre retenue, ce quatrième Indiana Jones ose ainsi marier l’exotisme fantastique avec la science-fiction pure et dure, sans pour autant dénaturer les fondements de la saga. Au lieu d’opter pour un foisonnement numérique comme le fit Lucas pour la seconde trilogie Star Wars, Spielberg entend bien remonter aux sources. Il filme donc sur pellicule, privilégie les cascades réelles et les effets spéciaux de plateau, et semble surtout se faire plaisir. Car cette quatrième aventure, tout autant imprégnée que les autres de l’ambiance des serials des années 30 et des BD d’Hergé, ressemble surtout à une récréation, une pause détente que le cinéaste s’octroie après l’éprouvant Munich. Les acteurs s’en donnent à cœur joie, Shia La Beouf excelle dans le rôle du sympathique « bad boy », les retrouvailles entre Harrison Ford et Karen Allen sont savoureuses, bref tout le monde semble prendre du bon temps.
Une équipe trop confiante ?
Revers de la médaille, la rigueur scénaristique, le rythme serré et le découpage ciselé ne sont plus vraiment au rendez-vous, comme si l’équipe du film, trop confiante, gardait tranquillement la bride sur le cou. Le récit n’a donc rien de vraiment palpitant, les séquences d’action ne marqueront pas les mémoires (à l’exception peut-être d’une folle poursuite motorisée dans la jungle et de l’attaque d’une horde de fourmis voraces) et le climax digne d’X-Files risque d’en dérouter plus d’un. Force est de constater par ailleurs que le directeur de la photographie Janusz Kaminski ne parvient jamais vraiment à accorder son style visuel à la patine délicieusement rétro qu’avait créée son prédécesseur Douglas Slocombe, signant du coup une mise en image hybride et souvent délavée. Le bonheur que procure le visionnage d’Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal est donc principalement nostalgique, doublé de la promesse d’une nouvelle saga possible dont le héros serait Mutt Williams, le propre fils d’Indy.
© Gilles Penso
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