HURLEMENTS (1981)

Joe Dante se réapproprie le mythe de la lycanthropie et met en scène les plus beaux loups-garous de l'histoire du cinéma

THE HOWLING

1981 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Dee Wallace, Patrick MacNee, Robert Picardo, Dennis Dugan, Belinda Balaski, Kevin McCarthy, John Carradine, Slim Pickens

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA HURLEMENTS

Fantasticophile accompli, Joe Dante choisit avec Hurlements d’approcher le thème de la lycanthropie sous un angle à priori policier. Ainsi, le film s’ouvre sur l’assassinat mystérieux d’une dizaine de femmes à Los Angeles. Une journaliste de télévision, Karen White (Dee Wallace), enquête sur le tueur, Eddie (Robert Picardo). Sa rencontre avec le psychopathe dans une cabine de sex-shop la traumatise au point qu’elle doit, sous les conseils du docteur Waggner (Patrick MacNee), passer quelques jours dans la « colonie », un endroit sauvage et serein qu’il dirige. Là, Karen se rend compte que la pleine lune transforme tous les patients du docteur en loups-garous, y compris son mari, mordu par la belle Marsha, et Waggner lui-même, chef de la troupe.

Ce film marque une date assez importante, dans la mesure où le mythe du loup-garou y connaît un renouveau décisif, tant dans son approche thématique que dans sa mise en image. Dante s’amuse à mêler le classicisme (la pleine lune, les balles d’argent) et la modernité (le reportage télévisé, le serial killer urbain), et assume pleinement les implications psychanalytique de ses hommes-loups. Ces derniers atteignent souvent l’apogée de leur bestialité lors d’excitations sexuelles, le monstre symbolisant alors le Ça dans toute sa splendeur. Cette audace trouve un répondant dans des effets spéciaux révolutionnaires, donnant à voir des loups-garous très impressionnants, bipèdes, féroces et gigantesques. Dès lors, il ne sera plus possible de se contenter de maquillages à la Belle et la Bête dans ce domaine. Cette charnière visuelle est due en particulier à Rob Bottin, auteur des maquillages spéciaux, qui réalise ici la métamorphose d’homme en loup la plus spectaculaire jamais vue à l’écran.

John Steed chez les lycanthropes

Aux effets de Bottin s’ajoutent la surréaliste transformation en dessin animé d’un couple au bord d’un feu de camp, et un plan large hélas trop furtif d’un trio de lycanthropes animés image par image par David Allen. A l’origine, le film devait contenir plus de monstres animés, Joe Dante étant un fan irréductible de Ray Harryhausen. Mais les créations de Rob Bottin, tardivement achevées, se sont avérées très différentes, morphologiquement, des figurines de David Allen, ce qui posa d’évidents problèmes de raccords. « La décision de ne pas utiliser mes plans d’animation fut douloureuse pour moi, parce que ça représentait beaucoup de travail », nous avouait tristement Allen à ce propos, « mais je suppose qu’elle était logique à une plus grande échelle. » (1) Fidèle à son habitude, Dante multiplie les clins d’œil cinéphiliques. Ainsi, il donne à ses personnages des noms de réalisateurs de films de loups-garous (Waggner, Kenton, Francis, Newfield, William Neil, Fisher, Barton, Landers), il fait apparaître des guest-stars (Roger Corman, Forry Ackerman, et surtout John Carradine) et montre un loup de Tex Avery à la télé pendant l’attaque d’un lycanthrope. En médecin ambigu, Patrick McNee s’avère étonnant, à mille lieues du John Steed de Chapeau melon et bottes de cuir dont il conserve malgré tout l’impeccable charisme. Le film s’achève sur une note émouvante, spectaculaire et terriblement cynique.

(2) Propos recueillis par votre seviteur en avril 1998.

© Gilles Penso

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