Non, Michael Myers n'était pas vraiment mort ! Le voilà star d'une émission de télé-réalité qui tourne au massacre…
Halloween Résurrection de Rick Rosenthal, c’est un peu comme Alien la résurrection de Jean-Pierre Jeunet : la volonté de poursuivre coûte que coûte une franchise fort rémunératrice, malgré la mort violente et indiscutable du personnage principal à la fin du film précédent. Et si le quatrième Alien utilisait la thèse du clonage pour ressusciter Helen Ripley, les scénaristes de ce huitième Halloween optent pour une solution plus proche du serial des années 30. Nous avons tous vu de nos propres yeux Michael Myers se faire décapiter d’un coup de hache par Laurie Strode au cours du climax d’Halloween 20 ans après. Et bien ce n’était qu’un leurre ! En réalité, le tueur fratricide a troqué son bleu de travail et son masque blanc contre un costume de policier, comme dans Le Silence des agneaux, et c’est donc un innocent gardien de la paix qui a perdu la tête. Traumatisée par cette méprise, Laurie végète depuis trois ans dans un asile psychiatrique, jusqu’à ce que son frère ne vienne lui rendre visite et ne la trucide d’un coup de couteau bien placé. Exit donc cette bonne vieille Jamie Lee Curtis, place à une nouvelle livrée de victimes jeunes et glamour. Ces derniers sont une demi-douzaine d’adolescents qui acceptent de passer une nuit dans la maison de Michael Myers, à Haddonfield, à l’occasion d’un jeu de télé-réalité retransmis en direct sur le site internet du producteur Fred Harris, répondant au doux nom de « dangertainment.com ».
Le concept est des plus séduisants, en ce sens qu’il porte en lui le potentiel d’une belle satire des médias, de la starification en série et de la quête de popularité éphémère. Hélas, ce postulat n’est qu’un prétexte terriblement sous-exploité, et les meurtres de nos ados suivent un schéma terriblement codifié qui ne suscite aucune surprise, malgré quelques clins d’œils inattendus comme cet assassinat au pied de caméra visiblement inspiré par Le Voyeur. C’est d’autant plus dommage que le scénario permettait de savoureux exercices de mise en abîme, lesquels ne sont que timidement ébauchés lorsque deux psycho-killers se croisent dans la maison par exemple (le vrai et un acteur costumé), ou lorsque l’organisateur du jeu déclare que Michael Myers est un concept juteux qu’on ressort tous les ans pour renflouer les caisses…
Un concept juteux
On croirait entendre parler Mustapha Akkad, producteur de tous les films de la série depuis Halloween 4 ! Car franchement, Halloween 20 ans après eut constitué un point final idéal pour cette série en perte de vitesse permanente. Le rôle du maître de cérémonie est ici attribué au rappeur Busta Rhymes, qui cabotine sans l’once d’une finesse, à l’instar de la majeure partie du casting, handicapé il est vrai par une caractérisation filiforme et des dialogues stupides. Rien de bien neuf à l’horizon, donc, malgré une mise en scène plutôt efficace de Rick Rosenthal (déjà aux commandes d’un fort honorable Halloween 2) jouant avec les images captées par les caméras vidéo que portent les protagonistes (d’où d’inévitables réminiscences du Projet Blair Witch), et malgré une intéressante partition de Danny Lux réorchestrant une nouvelle fois le célèbre thème de John Carpenter.
© Gilles Penso
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